Comptes rendus

11 septembre 2024
« Quelques vins abordables »
Dégustation conviviale
Organisateur : Louis Grignon

Après avoir clôturé l’année 2023-2024 de façon magistrale, Louis a décidé d’ouvrir la nouvelle année avec une formule inédite qu’il a appelée « dégustation conviviale », une dégustation à plus petit budget mais, comme à son habitude, composée uniquement de vins provenant de sa cave personnelle et s’échelonnant sur plusieurs millésimes (2022 à 1994), l’idée étant de présenter aux participants des vins « de semaine » qui sont généralement très bons et qui méritent parfois de vieillir.

Cette dégustation, conduite en double aveugle, comptait trois volées, deux de vins rouges et une de blancs et Louis a averti les participant de la présence d’un intrus dans chacune d’elles.

Première volée : Deux vins du Piémont et un intrus grec.

Pelaverga Verduno 2022, G. B. Burlotto
Un vin grenat très pâle, au nez assez ouvert, mais peu défini, avec des petits fruits rouges, un peu de tabac, du poivre et une bonne dose d’alcool (14 %/vol). En bouche, il est bien sec, moyennement corsé, l’acidité est correcte, les tannins fins mais un peu rébarbatifs et l’alcool ressort; l’équilibre est quand même acceptable. Produit par une maison très réputée, à partir d’un cépage peu connu, c’est un vin déroutant, à la texture très fine, mais montrant une légère fatigue aromatique malgré son très jeune âge et où l’alcool prend malheureusement le dessus.

IMG_3826
IMG_3827A

Naoussa Grande Reserve 2013, Boutari
Celui-ci est grenat plus foncé. Le nez, d’abord discret, s’ouvre sur la cerise noire, avec du bois, du cuir et de la poussière. Encore un vin très sec et moyennement corsé, mais plus acide, avec des tanins présents mais assez fondus et une note végétale; le bois parait moins en bouche et l’équilibre est acceptable, sans plus. La finale est fruitée et rugueuse, avec une amertume de noyau de cerise. Avec l’âge, le xinomavro finit souvent par ressembler à du nebbiolo, mais celui-ci, malgré ses 13 ans d’âge, n’en était pas encore à ce stade. Peu de participants l’ont identifié comme intrus parmi les deux vins piémontais.

Barolo Riserva 2008, Beni di Batasiolo
Ce 100 % nebbiolo est assez foncé, avec une couronne brique évoluée et il est légèrement trouble. Au nez, il est intense et montre sa maturité, avec du goudron, de la réglisse, du thé et une note florale (rose). En bouche, il est bien sec, le corps est moyen, les tanins encore solides mais fins et l’acidité est bonne; l’équilibre est très bon et la maturité parait moins qu’au nez. La fin de bouche bien sèche est fruitée (cassis) et minérale et la persistance aromatique est bonne. De loin le préféré de la volée et aussi le vin de la soirée, tout juste devant deux vins blancs.

IMG_3831

Deuxième volée : quatre vins espagnols

IMG_3835

Viña Cubillo Crianza 2011 (DOCa Rioja), R. López de Heredia Viña Tondonia
Cette cuvée plus abordable, parmi les vins de R. López de Heredia, vient du vignoble Viña Cubillas planté surtout de tempranillo, mais aussi de garnacha, de mazuelo et de graciano. La robe, d’intensité moyenne, est grenat, avec une légère évolution. Le nez est très ouvert et montre également une légère évolution, avec des noix, du chocolat et certains y ont perçu une légère acidité volatile (acétique) et un peu de menthe. Encore un vin moyennement corsé et bien sec, avec une acidité marquée et des tanins faciles mais un peu verts; côté équilibre, il est un peu pointu. Un vin encore fruité, plutôt simple mais assez bon.

Faustino I Gran Reserva 2004 (DOCa Rioja), Bodegas Faustino
Cet autre Rioja est un assemblage de tempranillo, graciano et mazuelo qui a passé 38 mois en barriques de chêne américain et français. Il est grenat et la couronne est plutôt ambrée. Au nez, il est très expressif, fruité et bien avancé (début d’oxydation, sel de céleri, feuille de thé, cuir). Le corps est moyen, le vin très sec, l’acidité et l’alcool sont bien dosés et les tanins sont souples; l’équilibre est très bon. La finale est grillée, torréfiée et très longue. Le plus fruité de la volée, bien que ce soit le plus vieux, avec un très beau nez et une belle texture.

IMG_3836
IMG_3838

Pesquera Crianza 2008 (DO Ribera del Duero), Bodegas Pesquera
On continue avec un 100 % tempranillo qui passe habituellement 18 mois en barriques de chêne américain. Il est plus foncé, avec des reflets rubis de jeunesse. Le nez est intense, boisé, animal et légèrement oxydé, avec du cuir. La bouche est sèche, les tanins soyeux et on y détecte du fruit, de la torréfaction et une légère chaleur (13,5 %/vol); l’équilibre est bon. La fin de bouche est très torréfiée, très sèche, un peu chaude et assez persistante. Un vin beaucoup plus agréable en bouche qu’au nez; le préféré de la volée, ex aequo avec le Mas la Plana.

Mas la Plana Cabernet Sauvignon 2005 (DO Penedès), Miguel Torres
On termine avec l’intrus, fait exclusivement de cabernet sauvignon. À l’œil, c’est le plus foncé et le plus jeune. Il est très aromatique, avec un début d’évolution, du cacao, du goudron et des fruits noirs, ainsi que de la cerise au marasquin. En bouche, il est très sec, assez corsé, l’acidité est parfaite, les tanins assez fondus mais encore sentis et l’alcool ne dépasse pas malgré son généreux 14 %/vol; l’équilibre est impeccable. La finale est bien sèche et torréfiée, avec des fruits cuits et elle est plutôt persistante. Un vin ample en bouche, avec une texture superbe et des arômes tertiaires. Le champion de la volée, avec le Pesquera.

IMG_3840

Troisième volée : trois vins blancs.

IMG_3845

Assyrtiko 2015 (AOP Santorini), Domaine I. M. Argyros
Ce premier blanc, fait à100 % d’assyrtiko, est jaune très pâle, avec des reflets verdâtres. Le nez est ouvert, herbacé, fruité (agrumes), floral et légèrement minéral. En bouche, il est très sec, plutôt acide, pas trop chaud malgré ses 14,5 /vol et la texture est bonne; l’équilibre est acceptable. La fin de bouche est fruitée et florale, Un vin plutôt simple, mais que plus de la moitié des participants ont beaucoup aimé.

Riesling 2015 (AOC Alsace), Domaine Zind-Umbrecht
Voici un 100 % riesling, issu d’un domaine connu pour la teneur en sucre résiduel de ses vins. Il est jaune plus riche et très brillant. Il est encore plus ouvert au nez, très épicé et fruité (pêche), avec une légère note fumée et de l’écorce d’orange. En bouche, on détecte tout de suite le sucre résiduel, mais il a l’acidité nécessaire pour compenser; l’alcool ressort cependant un peu trop (14,5 %/vol), la structure est bonne et l’équilibre quand mène assez bon. La finale est fruitée, épicée, doucereuse, chaude et très longue. Un vin plutôt minéral (mais pas pétrolé) où peu ont reconnu le riesling. Il s’est mérité une 2e place sur le podium, avec le Touchais.

IMG_3850
Touchais

Moulin Touchais 1994 (AOC Coteaux du Layon), Vignobles Touchais
Ce 100 % chenin blanc est d’un beau jaune doré très brillant. Au nez, il est intense et fruité (pêche, coing), avec du miel et une bonne note de botrytis. La bouche est grasse et assez sucrée, mais il a l’acidité nécessaire pour un bon équilibre; l’alcool est bien dosé (13,5 %/vol). Ça finit sur le miel, les épices, le botrytis et c’est interminable. Un vin de 30 ans qui a très bien tenu le coup. Certains l’ont pris pour un pinot gris d’Alsace, mais la plupart ont identifié le chenin de Loire. 2e vin préféré de la soirée, avec le Zind.

Pour la première volée, le seul indice fourni était que l’intrus venait d’une région différente et seulement 20 % des participants ont correctement choisi le 2e vin, sans toutefois identifier le xinomavro; plus de la moitié ont cru que c’était le pelaverga. Le Batasiolo a été le plus apprécié et est même monté sur la plus haute marche du podium pour la soirée.

Pour la volée suivante, la plupart ont identifié l’Espagne comme pays d’origine des quatre vins. Cette fois, l’indice était que le cépage unique de l’intrus n’entre pas dans la composition des trois autres vins. 50 % des participants l’ont correctement désigné. Cette volée de vins rouges espagnols a cependant été moins appréciée que la précédente.

Les trois blancs ont été servis après les rouges, à cause de la teneur en sucre allant en croissant dans l’ordre de service. Il s’agissait de trois vins de mono-cépage très différents, dont deux français et un grec. Cette fois, l’indice était que l’intrus vient d’un pays différent et la grande majorité a choisi le Touchais, tandis que seulement 20 % ont correctement désigné le vin grec. Cette volée de vins blancs a été la grande préférée de la soirée, avec deux vins, le riesling et le Moulin Touchais qui se sont mérité la seconde place, ex aequo, pour la soirée.

Il y avait quelque temps que Louis ne nous avait imposé son jeu préféré de « trouvez l’intrus ». Avec un maigre score de 32 % de réussite, on ne peut pas dire que la performance des participants ait été mémorable; on a fait mieux.

Enfin, un grand merci à Louis pour avoir, encore une fois, accepté d’ouvrir l’année et pour sa nouvelle formule de dégustation qui a beaucoup plu; une expérience à répéter.

Alain Brault

25 septembre 2024
« Douze ans après: le millésime 2012 »
Grande dégustation
Organisateur : Alain Brault

Pour l’édition 2024 de cette classique à l’Académie, nous avons dégusté des vins du millésime 2012, excellent à peu près partout et même exceptionnel dans le nord du Rhône, en Rioja et en Afrique du Sud. Comme toujours, la sélection couvrait les trois plus importants pays producteurs de vin, la France, l’Italie et l’Espagne, avec, cette fois-ci, deux outsiders, l’Afrique du Sud (qui s’en est toujours très bien tirée) et le Liban.

Vin d’honneur : pour arroser mon anniversaire

Cuvée Royale Blanc de Blancs 2012 (WO Stellenbosch), Simonsig
Ce 100 % chardonnay est élaboré selon la méthode Cap Classique (méthode champenoise) et a été élevé plus de 4 ans sur lie. À l’œil, il est d’un beau jaune légèrement doré, mais peu effervescent (même dans des flûtes). Au nez, il est intense, bien brioché, fruité (fruits confits) et floral. En bouche, l’attaque est vive, la structure moyenne et la mousse est bien présente et assez persistante; l’équilibre est impeccable. La finale est fraîche, fruitée et levurée, avec des noisettes; la persistance aromatique est bonne. Un chardonnay d’une belle maturité, avec un léger rancio, qui a été le 2e vin préféré de la soirée, ex aequo avec deux vins rouges.

Cuvée Royale

Première volée : deux grands classiques de la Rioja

Tondonia 2012

Viña Tondonia blanco Reserva 2012 (DOCa Rioja), R. López de Heredia Viña Tondonia
Ce grand blanc traditionnel de la Rioja est composé de viura à 90 %, complété de malvasía et est vendu avec la mention Reserva, malgré ses six ans en barriques de chêne américain. D’un beau jaune très riche, ce vin est très aromatique et plutôt rancio, avec des noix, de la cire et du fruit (poire). L’attaque est très fraîche, le vin bien sec, avec une très bonne acidité, un alcool bien dosé (12,5 %/vol), une texture assez grasse et une belle minéralité; l’équilibre est excellent. La fin de bouche est très juteuse, marquée par le rancio et les noix et elle est très longue. Un grand classique encore très jeune, pour amateurs de vins oxydatifs.

Viña Tondonia rosado Gran Reserva 2012 (DOCa Rioja), R. López de Heredia Viña Tondonia
De la même maison, ce rosé fait de garnacho (60 %), de tempranillo (30 %) et de viura a passé quatre ans en fûts de chêne américain. Il offre une belle robe très limpide, rose orangé que certains appellent œil de perdrix. Il est moins intense que le blanc au nez, beaucoup plus fruité (fraise, grenade) et très épicé (cannelle), avec de la cire. Il est bien sec, avec une acidité parfaitement dosée, des tanins très fins à peine perceptibles, un alcool très raisonnable 12,5 %/vol et un corps moyen; l’équilibre est impeccable. La finale bien sèche est fruitée et à peine rancio, avec un peu de noix de coco et elle est très persistante. Un des plus grands rosés de la planète (à mon avis), encore très jeune, fruité, rafraîchissant et très original.

Tondonia rosé GR

Deuxième volée : sept vins rouges

Musar 2012

Château Musar 2012
On attaque les rouges avec ce vin mythique de la Vallée de la Bekaa au Liban, un assemblage de cabernet sauvignon, de cinsault et de carignan, à parts habituellement égales. Il a subi un élevage d’un an en fûts de chêne français, a été mis en bouteille à la fin de la 3ème année et mis sur le marché à la fin de la 7ème année. La robe grenat foncé avec des reflets rubis de jeunesse est tout à fait atypique. Le nez intense est très épicé, avec une pointe d’oxydation; il est torréfié, avec des feuilles mortes, du cassis et de l’oignon rôti. La bouche est grasse, plutôt alcooleuse (14,5 %/vol), très fruitée, avec une bonne acidité, des tanins présents mais fins et un excellent équilibre. La fin de bouche est chaude, très fruitée (fraise, pruneau), sucrée et très, très longue. Un Musar surprenant, atypique, riche, très foncé, sucré et un peu lourd. Il a déplu aux aficionados mais a plu à ceux qui n’aiment pas les vins oxydatifs. Quoi qu’il en soit, on ne peut que souhaiter que le vignoble de la Bekaa survive encore une fois à la guerre.

Hermitage 2012, E. Guigal
Ce 100 % syrah a passé 36 environ mois en fûts de chêne dont 50% neufs. Il est grenat moyen, avec une couronne assez jeune. Le nez bien ouvert est épicé (poivre), avec des petits fruits rouges, une note fumée, du bois et une note terreuse. En bouche, il est corsé, avec des tanins assez fondus mais granuleux, une belle acidité, un alcool qui ne ressort pas trop (14 %/vol), des fruits cuits et du chocolat; l’équilibre est excellent. La finale, légèrement amère, est torréfiée, fumée et très longue. Un hermitage de style « moderne », bien fruité et encore jeune, avec une belle fraîcheur.

Guigal
Donatella Cinelli

Prime Donne 2012, (AOC Brunello di Montalcino), Donatella Cinelli Colombini
100 % sangiovese (comme tout brunello), ce vin est certifié en biodynamie. Il est grenat avec des reflets rubis et est plutôt clairet. Ouvert sans plus au nez, il est fumé, fruité, avec une note animale, du chocolat et un début d’évolution (cuir, tabac). En bouche, il est bien corsé, avec des tanins fins mais encore astringents, l’acidité qu’il faut et des fruits noirs; l’équilibre est impeccable. La fin de bouche est encore fruitée, torréfiée légèrement tertiaire et très persistante. Un très grand vin en début d’évolution qui a encore beaucoup de temps devant lui. Il partage la 2e place avec le mousseux et le Sociando.

Tignanello 2012 (IGT Toscana), Machesi Antinori
L’assemblage du Tignanello est habituellement de 85 % sangiovese, 10 % cabernet sauvignon et 5 % cabernet franc; il passe de 12 à 18 mois en fûts. Celui-ci est grenat très foncé, avec une couronne peu évoluée, Au nez, il est intense, avec des fruits cuits (cerise), des fines herbes, un beau bois et un peu de fatigue (début d’oxydation). Il est bien sec, très corsé, avec une belle acidité, des tanins fondus et un peu de chaleur (13,5 %/vol); l’équilibre est bon. La finale est chaude, fruitée, torréfiée et de bonne longueur. Un vin déroutant, un peu fatigué aromatiquement, qui en a déçu plusieurs; le mal aimé de la soirée.

Tignanello
Sociando

Château Sociando-Mallet 2012, (AOC Haut-Médoc), Jean Gautreau
Un assemblage de cabernet sauvignon (55 %), de merlot (40 %) et de cabernet franc (5 %) qui a passé 12 mois en barriques 100 % neuves. Un autre vin grenat opaque peu évolué à l’œil. L’intensité aromatique est moyenne, il est fruité, très légèrement végétal et bien minéral (graphite). En bouche, il est très sec, très corsé, avec des tanins bien sentis, une bonne acidité et un alcool bien dosé (13 %/vol); l’équilibre est excellent. La fin de bouche astringente et légèrement amère est assez fruitée et persistante. Un vin bien typé, tout en fraîcheur, encore bien jeune et pour la longue garde. Il partage la 2e place avec le brunello et le mousseux.

Mas la Plana 2012 (DO Penedès), Familia Torres
Ce 100 % cabernet sauvignon passe 18 mois en fûts de chêne français. Même grenat opaque que les précédents, à peine évolué. Le nez est intense, épicé, avec du fruit (cassis) et une très légère évolution. La bouche est très sèche, ronde, bien corsée, l’acidité est bonne, les tanins encore solides mais quand même assez fins et l’alcool est bien dosé; l’équilibre est irréprochable. La finale est juteuse, fruitée, torréfiée (chocolat noir) et très longue. Un vin qui évolue bien et qui a tout pour tenir encore une bonne dizaine d’années. La grande vedette de la soirée.

Mas la Plana
Dal Forno

Valpolicella Superiore 2012, Dal Forno Romano
Cet assemblage de 70 % corvina, 20 % rondinella, 5 % croatina et 5 % oseleta est élevé pendant 36 mois en barriques de chêne neuves. Il est grenat presque opaque, avec une couronne très jeune. Au nez, il est intense, très fruité (encore primaire), chaud, épicé et boisé sans excès, La bouche est grasse (presque onctueuse) et très chaude (14,5 %/vol), avec du sucre résiduel, des tanins faciles et une bonne acidité; l’équilibre est très bon. La fin de bouche est fruitée, chaude, épicée, assez tanique et très persistante. Encore un vin très « moderne », tout en fruit, où le bois ne dépasse pas, mais qui est un peu trop chaud.

Dessert :

Gewurztraminer Cuvée des Seigneurs de Ribeaupierre 2012 (AOC Alsace), F. E. Trimbach
On termine avec un 100 % gewurztraminer, d’un beau jaune doré, très limpide. Le nez est explosif, très fruité (litchi, poire) et floral, avec du miel, de la cire d’abeille et certains y ont détecté un très léger botrytis. La bouche est grasse, sucrée (plus de15 g/l de sucre résiduel), l’alcool est bien dosé (14 %/vol), l’acidité est bonne et on y trouve des notes de pain d’épice; l’équilibre est assez bon. En finale, c’est du fruit, une légère amertume de crème brûlée et c’est très, très long. Un qewurz alsacien classique, mais où un peu plus d’acidité n’aurait pas nui.

Trimbach

Le mousseux de la fête est un régulier de l’Académie; c’est d’ailleurs l’agence (IVSP) où sévit un de nos membres (Richard Milot) qui l’importe. Le dernier millésime offert (2017) en a déçu plusieurs, mais on se rappellera surement ce 2012 comme l’un des meilleurs millésimes (sinon le meilleur) depuis que nous connaissons ce vin.

Ensuite, le gewurztraminer devait être servi avec les deux Tondonia mais, étant donné sa teneur en sucre, les participants ont préféré le déguster après les vins rouges. Comme toujours à l’Académie, les Tondonia n’ont pas été parmi les vedettes de la soirée, à cause de leur caractère oxydatif qui provoque des réactions diamétralement opposées parmi les membres; soit qu’ils adorent ou qu’ils détestent, rarement entre les deux.

Pour les rouges, l’impression générale a été que la plupart méritent plusieurs années de cave supplémentaires, sauf le Tignanello qui, tout en étant encore solide, a semblé aromatiquement fatigué. Quatre de ces sept vins sont apparus très modernes (presque nouveau monde) de style et ce sont les trois autres, plus traditionnels, qui ont été préférés. Entre autres, le Dal Forno, pourtant délicieux, a été moins apprécié que le Quintarelli 2011, plus traditionnel, servi lors de ce même événement l’an dernier.

C’est le Mas la Plana qui a remporté la palme, sans toutefois faire l’unanimité, suivi de trois vins ex aequo en 2e place, la Cuvée Royale de Simonsig, le Prime Donne de Cinelli Colombini et le Sociando-Mallet, suivis de très près par le Rosado de López de Heredia.

Pour terminer, merci aux contributeurs, Denis Desjardins, François Lamontagne, Jean Dugal, Pierre Bélanger et Philippe Richer. Cette dégustation était la dernière édition d’une longue tradition annuelle, alimentée surtout à partir de la cave de L’AVO. Dès l’an prochain, si elle est maintenue au programme, elle deviendra une dégustation collective.

Alain Brault

2 octobre 2024
« Pères fondateurs vs nouvelle garde en Rhône du nord »
Grande dégustation
Organisateur : David Côté

À l’Académie, on a l’habitude de parler de producteurs « traditionnels » ou « modernes », selon leurs méthodes de vinification (par ex. degré d’égrappage) et d’élevage (par ex, chêne neuf ou non), David a plutôt choisi de les classer selon leur ancienneté dans chaque appellation : les « pères fondateurs », ceux qui font la réputation de l’AOC depuis des générations et la « nouvelle garde », ceux dont la contribution est importante, mais plus récente. Il nous a ainsi demandé de comparer quatre vins de « pères fondateurs » avec six de la « nouvelle garde », dont quatre vins chers, quatre à prix moyen et deux à prix abordable.

Il a commencé par une courte présentation sur la zone de production, ses cépages, ses appellations et leur importance géographique, sur les principaux producteurs qu’il considère comme « fondateurs » et sur les plus réputés de la « nouvelle garde ».

La dégustation a été conduite en semi-aveugle, la liste des vins étant connue des participants, mais pas l’ordre de service.

Première volée : deux fondateurs et trois de la nouvelle garde.

Poivre et Sel 2018 (AOC St-Joseph), François Villard
La robe est rubis foncé. Le nez est très ouvert, très fruité (fruits rouges), épicé (poivre), avec une note fumée et un côté viandeux. En bouche, le vin est bien sec, l’acidité est très bonne, les tanins très fins, avec une chaleur qui donne du corps; l’équilibre est impeccable. Un vin qui a été beaucoup apprécié, 4e préféré de la soirée, avec le Côte-Rôtie de Gaillard.

Poivre et Sol
Graillot

Crozes-Herminage 2017 (AOC), Alain Graillot
Même robe rubis foncé. Nez ouvert, bien fruité (fraise, framboise), avec une note fumée, du poivre et des herbes séchées. Le vin est corsé, très sec, les tanins plus sentis mais souples, l’acidité plus marquée, mais l’alcool est bien dosé, et on détecte une note végétale; l’équilibre est excellent. La finale est astringente, fruitée, épicée, un peu boisée et très longue. Un vin encore très jeune, un peu simple, mais délicieux.

Monier de la Sizeranne 2018 (AOC Hermitage), M. Chapoutier
Encore un vin rubis foncé, mais avec une légère évolution en couronne. Le nez est exubérant, animal, fumé, fruité, avec une note florale et un beau bois. La bouche est corsée, très sèche, avec des tanins solides mais assez fins, une très bonne acidité et un alcool qui passe bien (malgré son très généreux 14,5 %/vol). La fin de bouche est très sèche, fruitée, boisée et un peu sucrée (alcool). Un vin encore très jeune, de style plutôt moderne; le 2e préféré de la soirée, ex aequo avec La Vallière de Gérin.

Chapoutier
Tupin

Côteaux de Tupin 2018 (AOC Côte-Rôtie), Alain Graillot
Un vin nature; légèrement évolué à l’œil, très ouvert au nez, avec des olives noires, une note fumée, du fruit (mûre), du poivre blanc, du kirsch et une note florale (violette). L’attaque est fuitée, le vin très sec, l’acidité est très bonne, les tanins fins, souples, l’alcool un peu marqué (14,5 %/vol) et le vin est assez corsé; l’équilibre est très bon. La finale est astringente, torréfiée (bois, 24 mois de veux fût), fruitée (fruits cuits, raisins secs, datte), un peu pâteuse, légèrement amère et très persistante. Un vin nature dont le nez n’a pas plu à tous.

Château d’Ampuis 2018 (AOC Côte-Rôtie), E. Guigal
Un vin rubis foncé, encore bien jeune à l’œil. D’abord discret au nez, il finit par s’ouvrir, avec une note animale, du bois (38 mois de fût neuf) et beaucoup de fruit. Assez corsé en bouche, il est bien sec, très fruité (7 % de viognier), les tanins sont faciles, soyeux et son 14,5 %/vol d’alcool passe bien. La fin de bouche, très sèche, est fruitée, épicée, boisée et très longue. Le plus fruité de la volée (on a parlé d’infanticide); le bois dépasse un peu et la plupart l’ont identifié. La grande vedette de la soirée.

Ampuis

Deuxième volée : encore deux fondateurs et trois de la nouvelle garde.

Gaillard

Côte-Rôtie 2015 (AOC), Pierre Gaillard
Un vin rubis foncé, peu évolué, avec un nez discret, peu défini, où l’on détecte des herbes sèches, un peu de fumée et de viande et une note florale (10 % viognier). En bouche, le corps est moyen, le vin est bien sec, fruité, l’acidité très bonne, les tanins assez faciles et on ressent une petite chaleur malgré un très raisonnable 13 %/vol d’alcool; l’équilibre frise la perfection. La finale est bien sèche et fruitée, avec des fines herbes et des amandes. Un beau vin au nez invitant, tout en finesse et en élégance et très rafraîchissant. Il partage la 4e place avec le Poivre et Sel de Villard.

St-Joseph 2017 (AOC), Jean-Louis Chave
Encore rubis, mais avec une légère évolution. Assez ouvert au nez, il est bien fruité (framboise), torréfié (chocolat), avec du bois (15 à 18 mois de barrique) et des notes animale et florale (violette). La bouche est bien corsée, très sèche, avec une bonne acidité, des tanins présents mais fins et un alcool qui se fait sentir (14,5 %/vol); malgré tout, l’équilibre est très bon. La finale est juteuse, très fruitée, torréfiée et très longue. C’est en bouche que ce vin s’exprime, mais l’alcool a déplu à certains.

Chave
Gérin

La Vallière 2017 (AOC Côte-Rôtie), Jean-Michel Gérin
Encore un vin rubis foncé très jeune, au nez ouvert, assez complexe, marqué par les fines herbes (basilic, anis), les fruits rouges, le poivre, le tabac et la fumée. Encore un vin très sec, avec une belle acidité, des tanins fins, mais bien sentis (un peu verts pour certains) et un alcool bien dosé (14 %/vol); l’équilibre est très bon. La fin de bouche, légèrement astringente, est fraîche, fruitée (cerise), torréfiée (chocolat), boisée, légèrement amère et de bonne persistance. Le 2e préféré de la soirée, avec le Monier de la Sizeranne de Chapoutier.

Côte-Rôtie 2012 (AOC), Domaine Jamet
Un vin encore rubis, mais avec une couronne évoluée. Il est ouvert au nez, animal, fumé, fruité, herbacé et épicé (poivre). Un vin très sec, avec une très bonne acidité, des tanins présents mais accessibles et un corps moyen; l’équilibre est excellent. La finale est juteuse, bien sèche, fruitée, assez tertiaire, longue et élégante. Un vin complexe, tout en fraîcheur et qui a atteint une belle maturité.

Jamet
Delas

Les Bressards 2012 (AOC Hermitage), Maison Delas
Un vin un peu plus clair, mais aussi évolué. D’abord assez discret, il finit par s’ouvrir, avec beaucoup de fruit, du menthol, de l’anis et une note florale (violette). En bouche, il est sec, mais une légère note sucrée se fait sentir (l’alcool?), il a l’acidité qu’il faut, les tanins sont fins mais présents et le corps est assez léger; l’équilibre est très bon. En fin de bouche, on ressent une belle astringence, du fruit et le menthol revient, le tout assez persistant, Un vin bien frais, encore en grande forme.

Quels vins ont été préférés, ceux des fondateurs ou ceux de la nouvelle garde? Ce sont ceux des fondateurs (mais pas tous), avec la 1ière place (Château d’Ampuis de Guigal) et une 2e place (Monier de la Sizeranne de Chapoutier) et une note d’appréciation de 77 %; les vins de la « nouvelle garde » se sont tout de même mérité une 2e place (La Vallière de Gérin) et les deux 4e places (Poivre et Sel de Villard et le Côte-Rôtie de Gaillard), avec une cote d’appréciation de 63 %, pas mal.

On s’est posé la même question à propos des catégories de prix; est-on certain d’avoir un grand vin en payant le gros prix? Cette fois, ce sont les vins à prix moyen qui ont remporté la palme (77 %), suivis des vins les moins chers (69 %) et, enfin, des vins les plus dispendieux (59 %); il faut dire que c’est un de ces derniers qui a été le moins apprécié de la soirée.

Voici les conclusions personnelles de l’organisateur (ICI). Nous avons eu droit à une très grande dégustation qui s’est mérité une place au palmarès des vingt dégustations les plus appréciées des neuf dernières années à l’AVO. Merci David, on a hâte à ta prochaine.

Alain Brault

23 octobre 2024
« Vignobles et Crus du Chianti Classico »
Dégustation collective
Coordonnateur: Philippe Richer
Depuis un peu plus de vingt ans, la DOCG Chianti Classico autorise la mention des noms de cru ou Unità Geografiche Aggiuntive (UGA) sur les étiquettes. Il en existe onze dans l’appellation et Philippe a décidé de nous en présenter sept. Il a débuté sa « classe de maître » avec une présentation très documentée sur le Chianti Classico, son histoire, l’évolution de sa règlementation, ses styles de vin, ses types de sol et ses millésimes. Ensuite, à chaque volée, il a présenté plus en détail l’UGA concernée.

Tous les vins ont subi une double décantation avant l’événement et l’ordre de service a été basé sur la fraîcheur des millésimes, en gardant les plus chauds pour la fin (sauf dans le cas des deux mini-verticales, évidemment).

Afin de permettre aux participants de se concentrer sur les caractéristiques de chaque UGA, Philippe les a présentées séparément, ce qui a donné huit volées dont la plupart ne comptaient qu’un vin.

Première volée : UGA San Donato In Poggio, secteur sud.

Chianti Classico Gran Selezione « Vigneto Il Poggio » 2010, Castello di Monsanto
Cet assemblage de sangiovese (90%), colorino (5%) et canaiolo (5%) est grenat pas très foncé, avec des reflets rubis et une couronne très pâle. Au nez, il est assez ouvert, avec des fruits rouges (cerise, framboise) et des notes fumée et mentholée. L’attaque en bouche est fruitée, le vin est très sec, très minéral, mais pas très corsé, avec une belle acidité, des tanins présents mais agréables et un alcool qui passe bien malgré son 14 %/vol; l’équilibre est excellent. La fin de bouche est bien fraîche, légèrement astringente, assez fruitée et très, très longue. Un vin tout en finesse, encore bien jeune et très apprécié.

Monsanto

Deuxième volée : UGA Castellina, hautes côtes.

I Sodi di S. Niccolò (IGT Toscana) 2010, Domini Castellare di Castellina
Celui-ci est fait à 85 % de sangioveto, complété de malvasia nera (tempranillo). Il est grenat assez pâlot, avec une couronne évoluée. Le nez est ouvert sans plus, encore fruité, minéral et un peu alcooleux; il évolue beaucoup dans le verre. En bouche, il est corsé, plein, très sec, avec des tanins encore solides, une très bonne acidité qui lui donne de la fraicheur et, là encore, une petite chaleur (13,5 %/vol).mais l’équilibre est impeccable. La finale est astringente, fruitée, juteuse, légèrement végétale et très persistante. Un des grands vins de la région, d’une belle complexité, mais non-déclaré Classico; il a été très apprécié.

I Sodi di S. Niccolò (IGT Toscana) 2017, Domini Castellare di Castellina
L’assemblage est le même que le 2010, mais il est plus foncé, avec des reflets rubis de jeunesse. Le nez est bien ouvert, plus boisé, bien fruité, mentholé, épicé et minéral (graphite). Plus corsé que le 2010, il est bien sec, avec des tanins plus faciles mais tout de même bien présents, une note végétale (grappe) et un peu moins d’acidité que le 2010; l’équilibre est quand même bon. La finale est légèrement astringente, assez fruitée et très longue. D’un millésime plus chaud et un peu moins bien coté, il est beaucoup plus concentré. Deuxième vin le plus cher de la soirée, mais l’un des moins appréciés.

I Sodi

Troisième volée : UGA Greve, rive droite.

Il Carbonaione (IGT Toscana) 2008, Podere Poggio Scalette
Un vin fait exclusivement de sangiovese, mais d’un clone unique, appelé Lamole (comme le village), ce qui donne un vin très foncé qui a gradé sa couronne violacée de jeunesse. Le nez est intense, avec une note médicinale, des fruits cuits et un beau bois bien dosé. La bouche est bien corsée, très fruitée, avec des tanins accessibles, enveloppés et une certaine chaleur (13,5 %/vol); l’équilibre est très bon. La finale agréablement astringente est très fruitée et persistante. Un vin tout en rondeur, bien typé sangiovese et encore bien jeune malgré son millésime.

Scalette

Quatrième volée : UGA Berardenga, secteur central (ouest).

Castel in Villa

Chianti Classico Riserva 2008, Castell’in Villa
Un autre 100% sangiovese, grenat moyennement foncé, un peu trouble, avec une couronne pâle assez évoluée. Le nez est intense, torréfié (café), bien fruité (griotte) et peu boisé, avec des champignons et du sous-bois. La bouche est corsée, avec une belle fraîcheur, des tanins présents mais fins (presque soyeux), une belle note végétale et un alcool bien dosé; l’équilibre est impeccable. La fin de bouche est bien sèche, assez fruitée et torréfiée, avec du tabac et du cuir; la persistance aromatique est très bonne. Un très grand sangiovese classique et complexe, à son apogée; le 2e vin le plus apprécié de la soirée, à une voix de l’unanimité.

Cinquième volée : UGA Berardenga, secteur central (est).

Chianti Classico Riserva Rancia 2006, Fattioria di Fèlsina
On continue dans les 100% sangiovese. Il est grenat plutôt foncé, avec une couronne brique. Au nez, il est ouvert, avec du cuir, du chocolat, un bois assez discret, de l’olive, des fruits mûrs et une note florale (violette). En bouche, il est très corsé, très rond, avec une assez bonne acidité, des tanins serrés, enveloppés et un bon taux d’alcool; côté équilibre, on ressent une petite lourdeur. La finale, très longue, est bien sèche, avec une belle astringence, de la torréfaction et des notes tertiaires. Un vin d’une belle maturité, qui a beaucoup de caractère et qui a été le 3e préféré de la soirée, malgré la petite lourdeur.

Felsina

Sixième volée : UGA Panzano, secteur ouest (sud-est)

Molino

Chianti Classico Il Margone 2011, Il Molino di Grace
Toujours dans les 100% sangiovese, celui-ci est rubis assez pâle et bien jeune. Le nez d’intensité moyenne finit par s’ouvrir sur un léger bois, de la torréfaction, des fruits noirs cuits (bleuet), une note florale, des épices et une belle minéralité. La bouche est très corsée, bien sèche, l’acidité est à peine suffisante, les tanins sont assez fins et l’on détecte beaucoup de fruit et une certaine chaleur (14,5 %/vol); côté équilibre on aurait aimé un peu plus de fraîcheur. La fin de bouche offre une belle astringence, de la torréfaction, des fruits cuits, une légère amertume et elle est assez persistante. Un gros Chianti Classico bien corsé.

Septième volée : UGA Radda, rive droite de la Pesa

Le Pergole Torte (IGT Toscana) 2007, Montevertine
On termine les 100 % sangiovese avec une petite merveille grenat pâlot à la couronne très pâle et pas si évoluée. Au nez, il est assez ouvert, fruité (fraise), peu boisé et épicé, avec du sous-bois. En bouche, le corps est moyen, le vin bien sec, l’acidité excellente, les tanins très fins et l’alcool bien dosé (13 %/vol); l’équilibre est parfait. La finale est bien sèche, fruitée, chocolatée et très, très persistante. Un vin tout en finesse, de la dentelle, mais bien structuré; on qualifie Montevertine de Rayas de la Toscane; le grand champion de la soirée, à l’unanimité!

Pergole

Huitième volée : UGA Gaiole, secteur ouest.

Stagi (IGT Toscana) 2012, Podere Il Palazzino
On termine avec une volée très originale, deux vins fait exclusivement de colorino. Ce 2012 est grenat très foncé, avec une couronne rubis. Au nez, il est ouvert, avec une note médicamenteuse, des fruits noirs (mûre) et du romarin. La bouche est très corsée, très sèche, l’acidité est correcte, les tanins encore solides et l’alcool se fait sentir (14,5 %/vol); l’équilibre est acceptable malgré tout. La fin de bouche est astringente, fruitée et assez longue. Un vin puissant, encore bien jeune et très intéressant, qui semble évoluer très lentement mais qui a tout pour durer; il a été préféré au 2018.

Stagi (IGT Toscana) 2018, Podere Il Palazzino
Le 2018 présente une robe grenat encore plus foncée, avec des reflets violacés. Le nez est intense, avec des fruits noirs (bleuet), de la vanille, de la torréfaction (chocolat noir), de la réglisse, un peu de champignon et une note fumée. En bouche, il est très gras, très corsé, bien sec, plus acide que le 2012, avec des tanins faciles, plus enrobés et le même taux d’alcool, mais qui dépasse moins. La finale est agréablement astringente, bien fruitée, torréfiée, avec du noyau de cerise et elle est très longue. Un vin très jeune, très concentré qui a été le mal aimé de la soirée.

Stagi

Lors des deux premières volées, nous avons eu droit à des vins d’assemblage, ce qui a longtemps été obligatoire en Chianti Classico. Les deux premiers vins, Il Poggio 2010 de Monsanto et I Sodi 2010 de Castellare di Castellina ont été très appréciés, se retrouvant à un vote du podium. Au printemps 2018, Philippe nous avait servi une verticale de quatre millésimes de I Sodi di S. Niccolò, dont le 2010; à cette occasion, nous les avions trouvés très boisés, le 2010 moins corsé, mais la conclusion avait été « quatre très grand vins ».

Les volée III à VII ont été consacrées aux vins faits exclusivement de sangiovese (ce qui est permis depuis 1996 en Chianti Classico) et c’est dans cette catégorie que l’on retrouve les trois grandes vedettes de la soirée : Le Pergole Torte 2007 de Montevertine, le Chianti Classico Riserva 2008 de Castell’in Villa et le Chianti Classico Riserva Rancia 2006 de Fèlsina.

Volée-VIII : Le colorino est traditionnellement utilisé pour donner du corps et de la couleur au sangiovese. Peu de producteur le commercialisent en mono-cépage et c’est toujours un excellent rapport qualité-prix, mais il faut être patient car même après douze ans, il est encore loin de la maturité.

Pour cette classe de maître très appréciée, on remercie chaleureusement les contributeurs (par ordre alphabétique), Jocelyn Audette, Sandra Bellemare, Mario Couture, Stéphan Gagné, Louis Landry, Marc-Étienne Lesieur, Philippe Muller et, évidemment, Philippe Richer pour ses vins et pour son excellent travail de documentation, de sélection et d’animation. Cette dégustation est la première cette année à inscrire un vin au panthéon des notes parfaites : Le Pergole Torte 2007. Chapeau Philippe!

Alain Brault

6 novembre 2024
« Le Riesling et ses grands crus »
Club du mercredi
Organisateur: Philippe Muller

Il y a plusieurs années que Philippe, notre grand maître ès riesling, ne nous avait offert une dégustation consacrée exclusivement à ce magnifique cépage.

Il a débuté la soirée avec une présentation sur le riesling, les vignobles qui ont fait sa réputation (géographie, climat, géologie), les disparités nationales des différentes désignations « Grand Cru » et les caractéristiques organoleptiques du riesling. Tout au cours de la soirée, il a situé, sur grand écran, les appellations, sites et producteurs des vins servis, en utilisant des sites web tels que :
• https://www.austrianwine.com/ (pour l’Autriche),
• https://www.vinsalsace.com/fr/ (pour l’Alsace),
• https://www.vdp.de/en/the-wines/vineyardonline (pour l’Allemagne).

La dégustation s’est déroulée à l’aveugle, en cinq volées.

Première volée : un autrichien et deux alsaciens

Riesling Gaisberg Zobing 2012 1ÖTW Kamptal reserve, Weingut Hirsch
Ce 1er Cru autrichien d’une douzaine d’années est or pâle et très brillant. Au nez, il est intense, très riesling, minéral, pétrolé et très fruité (fruits tropicaux, ananas). Le vin est plutôt sec, mais on détecte un léger sucre résiduel, l’acidité est bonne, on ressent une petite chaleur (13 %/vol), la texture est assez grasse et ronde, avec une note saline et de la cire d’abeille; l’équilibre est bon. La finale est fruitée (ananas) et minérale, avec du miel et elle est assez longue. Un riesling bien typé, avec une belle minéralité, qui commence très bien cette dégustation.

https://www.weingut-hirsch.at/en/gaisberg-en-2/ 

IMG_2931
Muré

Riesling Alsace Grand Cru Vorbourg 2007, René Muré
Vorbourg est une des 51 AOC Alsace Grand Cru. La robe est plus dorée, plus riche et tout aussi brillante. Le vin est plus discret au nez, moins pétrolé, avec un très léger rancio, du fruit (citron confit, litchi) et une note florale. Il est bien sec, plus acide, mordant même, l’alcool est bien dosé (13 %/vol) et il est assez corsé; l’équilibre est acceptable. La fin de bouche est vive, citronée, légèrement amère et très persistante. Un vin plus évolué.

https://www.mure.com/fr/terroirs/7-vorbourg

Rielsing Alsace Grand Cru Kaefferkopf Vielles Vignes 2015, Domaine Jean Baptiste Adam
Cet Alsace Grand Cru est produit en biodynamie. Kaefferkopf est le dernier grand cru d’Alsace, approuvé en 2007. Comme le premier vin, la robe est or pâle très brillante. Le nez est ouvert, sans plus, bien pétrolé, plus floral et fruité (pêche). La bouche est sèche, assez vive, l’alcool est bien (13 %/vol), on ressent une belle rondeur et une légère amertume; l’équilibre est très bon. La finale est vive, fuitée, minérale et assez longue. Un vin encore bien jeune et très fin, aérien même.

https://www.jb-adam.com/fr/32-alsace-grand-cru-kaefferkopf-riesling-vieilles-vignes.html#/format-75cl

Adam

Deuxième volée : deux vins allemands de Moselle

Oster

Riesling Graacher Domprobst Feinherb ‘Alte Reben’ 2014, Selbach Oster
Il est jaune doré, scintillant. Assez expressif au nez, il est bien pétrolé, fruité (agrumes) et assez floral; le nez s’améliore à mesure que le vin se réchauffe. Le vin est plutôt sec, mais on détecte un léger sucre résiduel, un léger perlant, une très bonne acidité, l’alcool est bien sage (11 %/vol) et la texture est bonne tout en étant un peu crayeuse; l’équilibre est superbe. La fin de bouche est juteuse, fruitée (agrumes) et très, très longue. Un vin bien aromatique et rafraîchissant, malgré son sucre résiduel; il a raté le podium par une seule voix.

Riesling Urzinger GG Wurzgarten ‘Alte Reben’ 2017, Weingut Dr. Loosen
Wurzgarten est une Grosse Lage (VDP.GL), ou Grand Cru, à Ürzig. Ce vin est également très brillant, mais plus pâle, avec des reflets verdâtres de jeunesse. Le nez est ouvert, sans plus, avec de la cire, du fruit, de la minéralité mais pas de pétrole et des notes florale et herbacée; un participant y a détecté un arôme de patate, ce qui en ferait un vin défectueux. En bouche, il est bien sec, avec une acidité prononcée, un alcool assez bien dosé (12,5 %/vol), une belle rondeur et encore un léger perlant; côté équilibre, il est un peu pointu. La finale très vive est légèrement amère, bien fruitée et assez longue. Un vin encore bien jeune, mais un des moins appréciés de la soirée, à cause de son nez un peu douteux.

Loosen

Troisième volée : trois GG de trois régions différentes d’Allemagne

Rebholz

Riesling GG Ganzhorn 2015, Weingut Ökonomierat Rebholz
Ganzhorn ou Ganz Horn est une petite VDP.GL de 2,54 ha, en Palatinat (Pfalz). Le vin est jaune doré, limpide. Le nez, d’abord discret et peu défini, s’ouvre sur un léger pétrole, du fruit (ananas cuit), une légère note de levure, du caramel (sucre d’orge), de la noisette et une très légère oxydation que certains ont prise pour du botrytis. La bouche est sèche, l’acidité bien vive, l’alcool acceptable (12,5 %/vol), le corps moyen et le fruit intense; l’équilibre est excellent. La fin de bouche très sèche et très fruitée est très, très persistante. Un vin très expressif et délicieux; une des deux grandes vedettes de la soirée, à l’unanimité, avec le Kabinet 2008 de Reichsgraf von Kesselstatt.

https://www.oekonomierat-rebholz.com/weinberg/lagen/ganz-horn

Riesling Nackenheimer GG Rothenberg 2018, Weingut Gunderloch
Rothenberg est une VDP.GL à Nackenheim, dans le Haut-Rhin (Rheinhessen). La robe est jaune très pâle, avec de très légers reflets verdâtres. Le nez est ouvert, minéral (silex), bien pétrolé, avec de la cire, un léger souffre et une bonne dose de fruit (pêche, prune, abricot). En bouche, on ressent clairement le perlant, le vin est très sec, l’alcool OK (12,5 %/vol), le corps moyen et l’équilibre montre une forte acidité de jeunesse; aromatiquement, la bouche suit le nez. La finale est très fruitée (pomme granny smith, citron confit), très acide et très minérale. Un vin montrant une certaine élégance, très minéral (trop pour certains), encore très jeune, mais qui devrait avoir un long avenir devant lui; le mal aimé de la soirée.

(https://www.gunderloch.de/en/weinberg/)

Gunderloch
Leitz

Riesling GG Berg Kaisersteinfels Rudesheim 2019, Weingut Leitz
Berg Kaisersteinfels est une VDP.GL située à Rudesheim, en Rheingau. Encore une robe bien pâle et encore plus verdâtre que le précédent. Le nez est assez ouvert, minéral, légèrement pétrolé et bien fruité (fruits jaunes, litchi). En bouche, il est bien sec, assez corsé, l’acidité est bonne, tout comme l’alcool (12,5 %/vol) et l’équilibre est impeccable. La fin de bouche est assez vive, fruitée (pomme verte) et très longue. C’est en bouche que ce vin s’exprime le mieux; un autre qui s’améliore en réchauffant.

https://www.leitz-wein.de/en/

Quatrième volée : on passe aux prädikatsweine, avec deux kabinet, halbtrocken

Riesling Scharzhofberger Kabinet 2008, Reichsgraf von Kesselstatt
On retourne en Moselle, où Scharzhofberger est un grand cru pour les vins secs, mais pas pour les doux, évidemment. Le vin est jaune doré très brillant. Le nez, très ouvert, offre du caramel, du fruit (agrumes, coing, pomme compotée), de la cire, de la noisette et un léger rancio. La bouche est tout en rondeur, avec un beau sucre résiduel à peine perceptible, l’acidité qu’il faut, un alcool très discret (7,5 %/vol) et du citron confit; l’équilibre est excellent. La finale est fraîche, légèrement amère, bien fruitée (agrumes, marmelade), légèrement rancio et interminable. Un grand classique allemand; l’autre grande vedette de la soirée, à l’unanimité.

Reichsgraf
Muller

Riesling Scharzhofberger Kabinet 2009, Egon Müller
Du même site (großlag), mais d’un producteur phare de la région, Egon Müller, un autre kabinet, la catégorie la moins sucrée des prädikatsweine. Il est jaune plus pâle, beaucoup moins évolué malgré son âge. Un peu plus discret au nez, il offre d’abord un arôme de fumée qui va en s’estompant, un léger pétrole, de la crème pâtissière, de la poire et de l’écorce d’agrume. En bouche, l’attaque est très fruitée et très vive, le vin est plutôt corsé, très fruité, bien minéral, l’acidité est très bonne, l’alcool OK (9,5 %/vol) et l’équilibre est parfait. La fin de bouche est fraîche et fruitée. Un autre vin qui s’exprime mieux en bouche qu’au nez et qui est encore loin de son apogée malgré ses 15 ans; également, un autre vin à une voix du podium.

Cinquième volée : Encore plus doux, un auslese

Riesling Auslese*** Pfaffenberg 2006, Schloss Schonborn
Et, pour terminer, du Rheingau, un vin plus franchement doux, un auslese, mais qui, comme l’indiquent les *** aurait pu être classé en beerenauslese. Il est or orangé scintillant. L’intensité aromatique est moyenne, il est fruité (marmelade, zeste d’orange, pêches compotées), avec une note fumée et du tabac. En bouche, il est rond, gras, agréablement sucré, très fruité, assez frais et l’alcool ne dépasse pas (9 %/vol); l’équilibre est excellent. La finale est fraîche, très fruitée, grillée (crème brûlée) et très, très persistante. Un très grand vin élégant et frais, sans aucune lourdeur; le 3e préféré de la soirée, à une seule voix des deux vedettes.

Muller

Volée I : En Autriche, 1ÖTW signifie ÖTW Erste Lage ou Premier Cru. En Alsace (France) il n’y a pas de 1er crus et l’AOC Grand cru représente à peine plus de 6 % de la production. Le plus apprécié des trois a été le Kamptal 2012 autrichien.

Volées II et III : En Allemagne, la mention Grosses Gewachs (GG) pour le vin ou Grosse Lage (GL) pour le site, est l’équivalent de Grand Cru; elle est octroyée par un groupe privé, le VDP et est réservée aux vins secs (moins de 9 g/l de sucre résiduel). Il y a plus de 400 VDP.GL en Allemagne, dont 78 en Moselle, 42 en Rheinhessen, 52 en Rheingau et 56 en Pfalz, les quatre (des treize) aires (anbaugebiete) que nous avons visitées ce soir. On trouve, dans ces volées, une des deux grandes vedettes de la soirée.

Le premier vin de ce groupe, le Riesling Graacher Domprobst Feinherb ‘Alte Reben’ 2014 de Selbach Oster, est issu de la VDP.GL Domprobst, à Graach, en Moselle-Saar-Ruwer (M-S-R), région vinicole allemande reconnue pour ses rieslings plus légers et vifs et moins alcooleux. Alte reben signifie « vieilles vignes ». Cependant, non seulement ce vin n’affiche pas la mention GG, mais il affiche spätlese sur la contre étiquette, ce qui en fait un prädikatswein, trop sucré pour être un GG (grand cru); c’est d’ailleurs ce que la mention feinherg signifie (halbtrocken, ou presque). Ce vin aurait dû être de la 4e volée, avec les deux kabinett de Moselle.

Volées IV et V : Les prädikatsweine (anciens QmP) qui contiennent plus de 9 g/l de sucre résiduel n’ont pas droit à la mention GG, même s’ils viennent d’une VDP.GL et que le producteur est membre du VDP; le 4e vin, le Riesling Graacher Domprobst Feinherb 2014 de Selbach Oster en est un bon exemple.

À l’exception du 2007 de Muré dans la première volée, c’est dans ces deux dernières volées qu’on retrouve les vins les plus vieux, 2008, 2009 et 2006, mais pas nécessairement les plus matures. Encore une belle démonstration du très grand potentiel de garde de ces grand rieslings allemand traditionnels; même le 2006, à 18 ans, est encore loin de son apogée. C’est également dans cette catégorie de vins qu’on retrouve les deux autres vedettes de la soirée.

Le podium : Les vins préférés ce soir ont été, ex aequo en 1ière place, le Riesling GG Ganzhorn 2015 d’Ökonomierat Rebholz et le Riesling Scharzhofberger Kabinet 2008 de Reichsgraf von Kesselstatt; et, en 3e place, le Riesling Auslese*** Pfaffenberg 2006 de Schloss Schonborn.

On doit remercier Philippe (et son contributeur, Louis Landry) pour cette dégustation de très haut calibre qui en a beaucoup appris aux participants et a clairement démontré que le riesling est l’un des plus grands cépages blancs du monde vinicole. De plus, cette dégustation non seulement envoie deux nouveaux vins au Panthéon des vin ayant obtenu une note parfaite, mais elle se mérite la 3e place au Palmarès des dégustations les plus appréciées à l’Académie durant les neuf dernières années. Les heureux participants ne sont pas près de l’oublier celle-là; alors, Philippe, la barre est haute pour ta prochaine 😉

Alain Brault

13 novembre 2024
« Les cousins Cotat »
Club du mercredi
Organisateur: Jocelyn Audette

La soirée a débuté par une présentation des deux producteurs et de leurs styles de vins, de l’AOC Sancerre et des lieux-dits qui sont servis, de leurs types de sols, de leur exposition au soleil, de l’histoire de la famille Cotat et des cuvées que chaque cousin produit.

Ensuite, avant chaque volée, les vins servis étaient présentés, avec une courte note sur chacun. La dégustation s’est donc déroulée en semi-aveugle, l’ordre de service de chaque volée n’étant pas connu.

Jocelyn nous a posé deux questions : quels sont les vins des intrus et lequel des deux Cotat préféré-vous?

Première volée : La Grande Côte 2013 (avec un intrus)

La Grande Côte 2013, François Cotat
Un vin jaune pâle scintillant. Il est bien ouvert au nez, avec une note sucrée, des fruits tropicaux et un peu de poivre. En bouche, on détecte un léger sucre résiduel, une très bonne acidité, une légère chaleur (13 %/vol) et un corps moyen; c’est le moins corsé de la volée mais l’équilibre est très bon. En finale, on ressent une légère amertume, de la vivacité, du fruit, une légère note herbacée et c’est assez persistant. Un vin fruité et très frais.

F Cotat GR 2013
Boulay

La Côte 2013, Domaine Gérard Boulay
Celui-ci est légèrement plus foncé. Il est intense au nez, plus herbacé, fruité, poivré, minéral, avec des notes de menthe et de noisette. L’attaque en bouche est plus pointue, le vin est plus corsé, plus herbacé, l’alcool est bien dosé (13 %/vol) et le vin est bien sec; l’équilibre est bon. La fin de bouche est vive, presque surette, fruitée (citron) et de bonne longueur. Le vin le plus complexe de la volée, très vif, plus corsé, plus rond et qui, au nez, fait penser à du champagne; le préféré de la volée et la grande vedette de la soirée.

La Grande Côte 2013, Pascal Cotat
Le plus pâle des trois. Il est assez intense au nez, herbacé, fruité, minéral (silex, pierre à fusil). L’attaque est très vive, le vin est sec, plutôt acide, l’alcool est OK (12 %/vol) et le corps est moyen; côté équilibre, c’est un peu pointu. La fin de bouche est vive, plutôt herbacée, fruitée, minérale et de bonne persistance.

P Cotat GC 2013

Deuxième volée : Les Monts Damnés 2014 (avec un intrus)

F Cotat MD 2014

Les Monts Damnés 2014, François Cotat
Encore trois vin jaune pâle, mais cette fois, avec de légers reflets verdâtres. Le nez est assez ouvert, fruité, minéral (silex) et légèrement herbacé, avec du poivre blanc. L’attaque est vive, le vin est bien sec, l’acidité est prononcée, l’alcool est OK (13 %/vol) et le corps est moyen. La finale est fruitée (pomme verte), légèrement amère et assez longue. Un des trois vins à monter sur la 2e marche du podium.

Les Monts Damnés 2014, Pascal Cotat
Celui-ci est un peu plus foncé. Le nez est intense, caramel, légèrement vanillé, très fruité (pêche, tangerine, mangue, zeste d’orange), plus minéral et plus mature. Le vin est bien sec, il est plus corsé et bien fruité et l’alcool est OK (13 %/vol); l’équilibre est impeccable. La fin de bouche est fraîche, fruitée et très longue. Le plus gras et le plus mature de la volée, mais le moins apprécié.

P Cotat MD 2014
Dagueneau

Les Monts Damnés 2014, Didier Dagueneau
La robe est identique au François Cotat, en plus brillant. Le nez est intense, c’est le plus herbacé des trois et il est fruité (litchi), minéral et floral. En bouche, il est très sec, plutôt acide, presque mordant, l’alcool est bien (12,5 %/vol) et le corps est moyen; l’équilibre est très bon. La finale est très fraîche, très fruitée (agrumes) et très persistante. Un vin très original, bien équilibré et très herbacé; un autre qui partage la 2e marche du podium.

Troisième volée : La Grande Côte 2014

La Grande Côte 2014, Pascal Cotat
On retourne sur la Grande Côte, mais avec le superbe millésime 2014. Il est jaune pâle, mais un peu plus foncé que le 2013 de la première volée. Il est bien ouvert au nez, assez herbacé, fruité (litchi) et moins minéral, avec une note saline. En bouche, certains y ont détecté un léger sucre résiduel; le vin est quand même assez sec, avec une très belle texture, une bonne acidité et l’alcool ne dépasse pas (13,5 %/vol); l’équilibre est excellent. La fin de bouche est fraîche, fruitée (litchi) et assez longue. Un vin moins acide, le plus mature des deux, tout en étant encore bien fruité.

P Cotat GC 2014
F Cotat GC 2014

La Grande Côte 2014, Francois Cotat
Même robe, mais en plus brillant. Le nez est intense, légèrement herbacé, fruité et assez minéral. L’attaque en bouche est bien vive, le vin est très sec, l’acidité est prononcée, l’alcool OK (13 %/vol) et le corps est moyen; l’équilibre est très bon. La finale est bien fruitée et assez persistante.

Quatrième volée : Deux lieux-dits, millésime 2007

Le Cul de Beaujeu 2007, François Cotat
Un vin surprenamment pâle et verdâtre pour son âge. Le nez, d’intensité moyenne, est bien fruité (litchi, pêche), peu herbacé et minéral (silex), avec une note fumée. Le vin est très sec, la texture est bonne, ainsi que l’acidité, l’alcool est bien dosé (13 %/vol) et le fruit est très présent; l’équilibre est parfait. La fin de bouche est fraîche, très fruitée (pomme) et assez longue. Un vin encore bien jeune, le préféré de la volée et l’autre à monter sur la 2e marche du podium.

F Cotat CB 2007
P Cotat GC 2007

La Grande Côte 2007, Pascal Cotat
On change de couleur; ce dernier est doré, brunâtre, beaucoup plus évolué. Au nez, il est intense, rancio et encore fruité (cantaloup, pêche, raisins secs), avec du caramel et de la fumée (note brûlée). Il est bien sec, assez corsé, avec une bonne acidité et l’alcool est OK; l’équilibre est impeccable. La finale est quand même fruitée (pomme blette), rancio, avec des noix, un peu de caramel brûlé et une légère chaleur; elle est très persistante. Le vin le plus évolué de la soirée (dépassé pour certains), très avancé au nez mais d’une belle élégance en bouche. Une mauvaise bouteille pour les participants qui connaissent bien les vins de Pascal Cotat, malgré l’excellent état du bouchon.

Volée I : Une première volée d’un millésime difficile, froid et pluvieux. On a eu droit à trois vins très différents, encore bien jeunes et, si l’intrus a été assez facilement identifié, les Cotat ne l’ont pas été. Le vin de François a été préféré à celui de Pascal, par une seule voix.

Volées II : D’un millésime extraordinaire pour les blancs de Loire, cette volée a été la préférée de la soirée. Deux vins se sont démarqués : le François Cotat et le Dagueneau. Encore une fois, l’intrus a été facile à identifier, mais pas les Cotat.

Volée III : Encore deux vins très différents et pas plus de succès dans l’identification des deux cousins. Le vin de François a encore été préféré.

Volées IV : Pour cette dernière volée, nous avons eu droit à deux lieux-dits différents, mais du même millésime, 2007, donc deux vins qu’on espérait être à maturité. Parmi eux, un vin très évolué, avec un début d’oxydation; c’est l’autre, encore très frais et jeune (encore celui de François) qui a été préféré par la majorité, mais pas par tous, selon les goûts.

Les grands vainqueurs de la soirée sont donc : en 1ière position, La Côte 2013 de Gerard Boulay, suivi de trois vins ex aequo en 2e position, Les Monts Damnés 2014 de François Cotat, Le Mont Damné 2014 de Didier Dagueneau et Le Cul de Beaujeu 2007 de François Cotat.

Finalement, les participants ont bien identifié les deux intrus, mais n’ont pas eu beaucoup de succès à différencier les vins des deux cousins Cotat, malgré les indices fournis par Jocelyn.

Alors, lequel des deux cousins Cotat a été préféré? Sans équivoque, c’est François, le plus réputé (quoique que les deux commandent les mêmes prix) qui a remporté la palme, dans chacune des quatre volées.

Un gros merci à Jocelyn, pour cette dégustation exceptionnelle qui nous a non seulement permis de déguster des vins de Sancerre hors norme, mais qui nous a permis d’observer les différences organoleptiques entre trois lieux-dits de l’appellation. Cette dégustation s’est mérité une place au Palmarès des vingt dégustations les plus appréciées à l’AVO depuis septembre 2016.

Alain Brault