2016 - 2017

Vous retrouverez les comptes rendus complet des dégustations sur la page Facebook

14 septembre 2016

Thème : Les grands vins doux
Type : Club du mercredi
Organisateur : Charles Bérubé

Pour ouvrir la saison, Charles nous invite à participer à un événement rarissime à l’Académie, une dégustation de grands vins doux.

Attention, il ne s’agit pas de vins doux naturels (VDN) mutés, mais bien de vins naturellement doux (VND). Cette catégorie comprend les vins faits à partir de raisins vendangés en surmaturation et/ou passerillés, botrytisés ou non.

En France, ce sont, entre autres, les sauternes et autres moelleux de Gironde, les vendanges tardives et les SGN d’Alsace, les grands liquoreux de la Loire; en Italie, les recioto et passito du Nord; en Allemagne, les prädikate (dont l’eiswein); en Hongrie, les tojaji aszú, etc.

Charles étant grand amateur et collectionneur de ce type de vins, nous pouvons nous attendre à une dégustation exceptionnelle.

Comme l’a bien écrit Marc il y a quelques jours « La saison de l’Académie du vin de l’Outaouais a fait un départ canon [mercredi dernier] alors que Charles Bérubé nous présentait plusieurs grands trésors de sa cave personnelle ». Ce fut une rare occasion de déguster dix vins liquoreux (non mutés) d’un peu partout à travers le monde, certains très matures. Voici quelques notes de dégustation.

D’abord, trois rieslings de Mosel bien typés : deux Würzgarten Spätlese de la maison Dr Hermann, un 2006 et un 2007 (très grand millésime) et un Haus Klostenberg Auslese 2007 de Markus Molitor. Des rieslings au nez intense et minéral (pétrole), avec une belle acidité en bouche, faibles en alcool et une finale encore bien fruitée. Le Dr Hermann 2007 était exceptionnel.

Ensuite, deux vins français très matures : un sauternes 1986 du Château Filhot et un saussignac 1995, petite AOC bergeracoise voisine de Monbazillac, du domaine de Cantonnet. Servis juste après les rieslings, ces vins ont d’abord eu du mal à s’affirmer, mais après une heure ou deux, ils étaient très beaux. D’un beau doré, le Filhot était expressif, mais peu botrytisé, bien présent en bouche avec des notes d’amande, d’épices et une finale grillée. Le saussignac, légèrement orangé, était plus fruité, plus sucré, un peu lourd, mais avec de belles saveurs de marmelade et de caramel et une persistance remarquable.

Le moins apprécié des vins de la soirée a été le gewürztraminer Délice d’Automne 1997 d’Alfred Meyer, au nez très ouvert, fumé, avec de légères notes de souffre et de caoutchouc; pas bouchonné, mais probablement défectueux.

Viennent ensuite trois chenins blancs, deux de la Loire et un d’Afrique du Sud. D’abord, le coteau du Layon Saint-Aubin Les Varennes 1997 du domaine Cady, suivi d’un coteaux du Layon Beaulieu du même millésime, Les Rouannes du château Pierre-Bise et, enfin, le clou de la soirée, le vin de paille 2010 de De Trafford, de Stellenbosh. Les deux coteaux du Layon présentaient une teinte assez évoluée, surtout le Pierre-Bise avec ses reflets légèrement brunâtres. Le Cady, bien équilibré, goûtait le miel, les épices (poivre), le caramel; tandis que le Pierre-Bise était plus puissant, plus grillé, plus sucré, avec des notes de pruneaux, de noix et de sucre d’orge.

Le troisième chenin blanc, le vin de paille 2010 de De Trafford, a fait l’unanimité; c’est le vin de la soirée. De beaux reflets orangés, un nez intense et très complexe, avec du miel et des herbes fraîches (thym, mais surtout lavande), du fruit (abricot), des épices; gras et bien équilibré, se terminant sur le sucre d’érable. Un régal!

Pour clore la dégustation, Charles nous a servi un vin très rare et tout à fait exceptionnel, un muscat blanc 1983 de la maison Massandra, en Crimée (acheté alors que la Crimée faisait toujours partie de l’Ukraine). Ce délice n’a de blanc que le nom; il était carrément brun, avec un bon dépôt. Intense et très complexe, avec des notes oxydatives rappelant certains xérès oloroso, des fruits confits, du caramel et une grande longueur. Pour citer un des participants : « …un moment magique! ».

Alain Brault

28 septembre 2016

Thème : Quelques verticales
Type : Grande dégustation
Organisateur : Louis Grignon

Malgré que ce soit une « grande dégustation », Louis préfère nous garder la surprise en la faisant en « double aveugle », c’est-à-dire sans annoncer les vins qui seront servis.

Une verticale étant une dégustation de plusieurs millésimes d’un même vin, on peut s’attendre à ce qu’il nous serve des vins qui méritent de vieillir et donc qu’il doive fouiller dans sa réserve personnelle.

Une belle occasion de constater comment certains vins évoluent en cave et quand ils atteignent leur maturité.

Pour notre deuxième rencontre, Louis nous a offert l’occasion de juger du potentiel de vieillissement de trois vins de cépages bordelais assez connus, le Saint-Émilion de Fonbel, le très grand Saint Julien Léoville-Poyferré et le cabernet espagnol Mas la Plana.

La verticale de Fonbel comprenait les millésimes 2006, 2008 et 2009. Ce Saint-Émilion Grand Cru est un assemblage de merlot, de cabernet sauvignon, de petit verdot et de carmenère. Malgré le peu de différence d’âge entre les trois vins, le degré d’évolution variait significativement entre les trois vins. Le 2009, avec son fruité (cassis), était clairement le moins avancé, mais le 2008 paraissait plus vieux que le 2006. Les trois vins étaient caractérisés par la torréfaction (café) et l’alcool. Un bon vin sans plus, mais à prix raisonnable.

Les Léoville de la deuxième volée étaient les 1990, 1995 et 2000. Le Léoville-Poyferré 2000 étant défectueux, il a été remplacé par un Léoville Barton du même millésime. Léoville-Poyferré, un 2e cru classé de Saint-Julien, est tout simplement exceptionnel; un beau boisé bien dosé, des fines herbes, des épices, une texture presque soyeuse et une grande complexité à maturité. Le 1990 était absolument parfait; aucun signe de fatigue malgré ses 26 ans; il a fait l’unanimité comme vin de la soirée.

Dernière volée : le réputé cabernet sauvignon Mas la Plana de Miguel Torres. Les millésimes dégustés sont les 2000, 2001 et 2006. C’est un vin très expressif et bien connu pour ses grandes variations de style d’un millésime à l’autre. Le moins apprécié des trois, le 2002, était très solide, mais oxydé (bouchon défectueux?) ce qui masquait son fruit. Le 2000 était plutôt boisé, mais très bon, avec du corps, de la complexité, de la longueur et de la générosité. Le meilleur des trois était sans contredit le 2001, plus délicat, plus fruité, plus végétal (tomate fraîche), plus complexe, plus racé et plus mature; génial, même s’il n’a pas fait l’unanimité comme le Léoville 1990.

Il semble donc que la prudence est de mise lorsque l’on fait vieillir les « petits » châteaux de Bordeaux, mais que les grands crus classés méritent encore d’être attendus une bonne vingtaine d’années. Pour le Mas la Plana, tout dépend du millésime, mais le potentiel est là.

Alain Brault

12 octobre 2016

Thème : Millésimes de Bordeaux
Type : Club du mercredi
Organisatrice : Micheline Vanier

Il y a deux ans, Micheline avait eu un franc succès en partageant avec nous des vins matures de sa cave personnelle.

Elle a accepté d’organiser un autre Club du mercredi cette année. C’est en « double aveugle »; nous aurons donc le plaisir de découvrir sa nouvelle sélection de vins le soir même.
Un indice : Bordeaux, quels millésimes dégustez-vous?

16 novembre 2016

Thème : Un cépage, plusieurs pays
Type : Club du mercredi
Organisateurs : Richard Archambault et Stéphan Gagné

Membres récents de l’Académie, Stéphan et Richard en ont impressionné plusieurs l’an dernier lors de leur première dégustation. Ils ont la gentillesse de récidiver cette année.

Cette dégustation vous fera voyager autour du monde à la découverte des différentes facettes que peut prendre ce cépage cultivé sur tous les continents. La dégustation, divisée en trois volées, mettra en valeur les diverses régions viticoles provenant autant du Vieux Continent que du Nouveau Monde.

« Un cépage, plusieurs pays », mais quel cépage! Le plus difficile, le plus capricieux de tous, le pinot noir. Stéphan et Richard ont été bien audacieux d’organiser une telle dégustation, avec un résultat très intéressant, pour ne pas dire impressionnant. Une dégustation où les commentaires et l’appréciation des dégustateurs étaient très variés. Tous les vins servis provenaient de producteurs reconnus dans leur région.

Comme première volée, deux vins provenant de pays que l’on connait bien pour leurs vins blancs, mais dont les rouges n’ont pas très bonne réputation (à tort ou à raison), l’Autriche et l’Allemagne.

D’abord de Basse-Autriche (Niederösterreich), le Pinot Noir Réserve 2012 de Gerhard Markowitsch, grand maître du pinot noir en Autriche; un vin qui en a dérouté plusieurs. Bien expressif, avec des arômes de fruit (fraise) épicé, une certaine rondeur en bouche, des tannins assez faciles et une acidité prononcée, c’est l’alcool un peu trop présent qui a déplu. Le second vin, le Pinot Noir 2011 de Burg Ravensburg, réputé producteur de la région de Nahe, dans le sud de l’Allemagne, a beaucoup plu à plusieurs. Un nez très ouvert, très pinot noir Nouveau Monde, légèrement fumé. Pas gros en bouche, mais très fruité et très frais, avec une finale juteuse, épicée et assez persistante.

Pour la deuxième paire, on s’envole vers l’hémisphère sud, en Argentine, puis en Afrique du Sud.

D’abord, le Cincuenta y Cinco 2012 de la très réputée Bodega Chacra, dans la vallée du Rio Negro en Patagonie. Un pinot noir relativement foncé, avec un nez ouvert dominé par un fruité plutôt bonbon (rappelant les Life Savers à la cerise). En bouche, c’est plus sérieux, bien gras, toujours aussi fruité, avec des tannins présents mais sans dureté et un bel équilibre. En finale, c’est la fraise et une légère astringence qui ressortent. Ici encore, c’est le deuxième vin qui a été préféré, l’Estate Pinot Noir 2012 de Hamilton Russel Vineyards dans la vallée d’Hemel-en-Aarde en Afrique du Sud. Un nez intense, très fruité, très fumé, épicé (poivre), avec des notes de tabac et d’acacia (belle complexité). Moyennement corsé, très sec, plutôt vif en bouche, mais qui laisse une impression bien fruitée (cerise) quoiqu’un peu pointue, avec une très bonne longueur.

Prochaine étape, l’Amérique du Nord, avec trois candidats, le Pinot Noir 2012 d’Etude Wines dans la vallée de Napa en Californie (bouchonné, exclus), le Laurène 2008 du Domaine Drouhin en Oregon (Dundee Hills) et le Pinot Noir Reserve 2013 de Blue Mountain Winery, dans la vallée de l’Okanagan en Colombie-Britanique.

Le Laurène était plutôt foncé, bien ouvert avec un fruit typé Nouveau Monde, une légère torréfaction et un peu fumé. En bouche, c’est rond, gras, légèrement alcooleux, avec des saveurs de petits fruits cuits. En finale, le fruité et la torréfaction qui perdurent et c’est très très long. Deuxième meilleur vin de la soirée, un régal qui a presque fait l’unanimité. Le Blue Mountain Reserve, possiblement le meilleur pinot noir au pays, a été assez bien reçu également. Très pâle, avec des arômes presque discrets de petits fruits (fraise). Une beauté en bouche, gras avec des tannins soyeux et une légère note sucrée, le tout finissant sur une légère amertume, beaucoup de fruit et une note de bois vanillé. Très bonne longueur.

Enfin, à tout seigneur tout honneur, on termine en Bourgogne. Trois vins : le Pommard 1er Cru Les Épenots 2009 de Camille Giroud en Côte de Beaune, le Gevrey-Chambertin Les Évocelles 2002 de Charlopin-Parizot et le Vosne-Romanée Maizière 2006 du Domaine A.-F. Gros, les deux derniers en Côte de Nuits.

Troisième vin le plus apprécié de la soirée (ex aequo avec le Hamilton Russel), le Pommard était plutôt clairet, avec un nez d’intensité moyenne, bien fruité (pinote beaucoup pour un bourgogne), note florale, légèrement animal et épicé; belle complexité. Pas très corsé, mais bonne rondeur et légèrement sucré; le tout avec un très bel équilibre et une finale torréfiée (café) et à peine boisée. Certains l’ont trouvé austère. La vedette de la soirée a été le Gevrey-Chambertin 2002 qui a fait l’unanimité. Plutôt foncé avec une couronne tirant sur l’orangé, il était très ouvert, fruité (cerise) avec une note cendrée et légèrement boisé. La bouche était tout en rondeur, bien pleine, bien fruitée, avec des notes tertiaires et un équilibre parfait. Une belle maturité encore fruitée et très persistante. Pour terminer, un vin qui a posé problème; probablement défectueux, ce Vosne-Romanée était très expressif, mais semblait évolué avec ses notes végétales, de champignon, de cave humide et une légère oxydation; certains en ont conclu un début de bouchon. La bouche était sévère, assez corsée,avec du fruit tout de même et un beau bois qui, avec la pointe d’oxydation, rappelait la Rioja. La finale était surette et plutôt tertiaire.

Voilà pour une dégustation dont on parlera sûrement longtemps à l’Académie.

Alain Brault

30 novembre 2016

Thème : Agence I.V.S.P.
Type : Club du mercredi
Organisateur : Richard Milot

Richard arrive à l’Académie avec une grande expérience du monde du vin et de la dégustation. Il est le représentant pour l’Outaouais québécois, de l’agence I.V.S.P, une entreprise d’importation privée de vins, basée à Montréal.

Diplômé du programme WSET, Richard s’occupe généreusement de l’entrainement d’un membre de l’AVO, Alexandre Craig, qui étudie pour le Master of Wine.

Pour sa première dégustation, nous avons décidé de nous en tenir à la formule « double aveugle », afin de lui laisser toute latitude pour choisir parmi les vins de sa cave personnelle et ceux de son agence.

C’est avec grand plaisir que nous lui souhaitons la bienvenue à l’Académie.

11 janvier 2017

Thème : I vecchi nebbioli del Piemonte
Type : Grande dégustation
Organisateur : Pierre Bélanger

https://www.facebook.com/AcademieDuVinDelOutaouais/photos/?tab=album&album_id=672726419573246

 

Président fondateur de l’Académie, Pierre n’a plus besoin de présentation. Les dégustations qu’il a organisées parlent pour lui, son dernier tour de force ayant été de convaincre les membres de l’AVO que le nebbiolo est, sans contredit, un des plus grands cépages de la planète.

Après les merveilles de Barolo et de Barbaresco qu’il nous a servies dans le passé, c’est à une dégustation consacrée aux « vieux » vins de nebbiolo du Piémont que Pierre nous convie cette année. Il va sans dire que ce n’est pas sur les tablettes de nos chers monopoles qu’il a pu se procurer les trésors nécessaires à une telle dégustation.

Pour ce faire, il a eu le choix entre de nombreuses appellations piémontaises: Barolo et Barbaresco, évidemment, mais aussi Albugnano, Carema, Fara, Gattinara, Ghemme, Langhe Nebbiolo, Lessona, Nebbiolo d’Alba, Roero Rosso et Sizzano, qui font toutes des vins à base de nebbiolo, que certains appellent spanna ou picutener. Lesquels a-t-il choisis?

Une expérience inoubliable en perspective.

Pour cette première dégustation de 2017, les heureux abonnés ont eu droit à une expérience exceptionnelle, le genre de dégustation qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie. Pierre nous a servi dix très vieux vins de nebbiolo du Piémont, datant d’aussi loin que le millésime 1958, le plus jeune étant un 1974. En préparation, tous les vins ont subi une double décantation durant l’après-midi, c’est-à-dire qu’ils ont été mis en carafe pour éliminer les dépôts, puis remis dans leur bouteille nettoyée. Aucun des dix vins n’a été rejeté pour défectuosité.

Pour déboucher ces vieux flacons, Pierre a eu recours à un tire-bouchon conçu spécialement à cette fin, un Durand, qui combine un tire-bouchon conventionnel et un bilame, ce qui permet d’extraire, sans les briser, de très vieux bouchons rendus fragiles avec les années.

La dégustation s’est faite en quatre volées.

Dès la première, les participants ont été impressionnés par la qualité et l’état de conservation des deux vins servis, deux vins sans appellation, un Spanna 1967 de Fratelli Berteletti et le Riserva Expo 1970 de Fratelli Francoli.

Spanna est le nom donné au nebbiolo dans les provinces de Vercelli et Novara, dans le nord du Piémont. Ce vin de près de cinquante ans était relativement foncé et un peu brouillé; bien ouvert aromatiquement, avec du goudron typique du cépage et une belle note de torréfaction. La texture était surprenante pour l’âge du vin, soyeuse, avec du gras, des tannins évidemment fondus et un très bel équilibre, le tout finissant sur les notes de torréfaction et une bonne longueur. Bien en forme pour son âge. Le Francoli 1970 a été fait à Ghemme, mais la DOC (crée en 1969) n’est pas indiquée spécifiquement. Celui-là était très pâle, mais très brillant, avec un nez plus mature, plus sur le tabac. En bouche, il semblait plus vieux, plus mince, complètement fondu, mais avec quand même un peu de fruits (cuits), un début d’oxydation et une finale grillée de bonne persistance. Ce deuxième vin a été l’ un des plus appréciés de la soirée.

Pour la volée suivante, nous avons eu droit à une mini horizontale de barolos 1971 (millésime exceptionnel en Barolo); un générique de Pio Cesare, un Brunate de Francesco Borgogno et un Vigna la Rosa de Fontanafredda.

Le Pio était brunâtre et pas mal brouillé, mais le nez bien ouvert avec le goudron typique, une légère oxydation et une note épicée (cannelle) qui lui donnaient une belle complexité. En bouche, c’était solide et bien équilibré, encore fruité (cerise), avec de belles saveurs de chocolat-noisette et d’alcool rappelant le tawny. Le vin était très persistant. Wow! Le Brunate (un des meilleurs crus de l’appellation) a été un des grands vins de la soirée. Plus foncé, plus jeune, plus rouge, il était d’abord bien ouvert, avec des arômes fruités, de l’anis, des champignons, mais il s’est refermé pendant la soirée. En bouche, il était encore assez jeune, fruité, avec des tannins présents, mais accessibles; pas gros, mais quand même assez gras, le tout avec un bel équilibre; bien frais en finale. Le Vigna la Rosa était très clair, très avancé (brun) été plutôt brillant, au nez intense, classique, eau de rose, goudron, avec une note de cendre, mais malheureusement dominé par l’oxydation. En bouche, gras, corsé, avec des tannins assez soyeux donnant une très belle texture, une certaine complexité et un équilibre impeccable. Des herbes sèches en finale et une très bonne longueur; autre bémol, une note végétale peu agréable. Le vin le moins apprécié de la soirée.

Pour la troisième volée, une mini verticale de barbarescos génériques de la réputée coopérative Produttori del Barbaresco,comptant les millésimes 1970, 1974 et 1973; une occasion de juger du potentiel de ces barbaresco, mais aussi de leur solidité et de leur race, comparativement à la volée précédente. La finesse est là, mais on peut oublier le vieux mythe qui veut que les barbarescos soient toujours plus « féminins » que les barolos.

D’abord le 1970, brouillé, plutôt pâle, à la couronne couleur brique, au nez bien ouvert, avec du cacao, une note fumée et une légère odeur de carton (oxydation). Belle maturité en bouche, corps moyen, encore du fruit, une légère astringence et le goudron typique. Là encore, équilibre impeccable. Une finale fraîche, torréfiée (chocolat noir). UN vin qui a beaucoup évolué durant la soirée. Une autre des grandes vedettes de la soirée. Le 1974 paraissait beaucoup plus jeune, encore grenat à la couronne brique. Aromatiquement intense, goudron, thé, moka, chocolat au lait et une pointe d’alcool. Rond et soyeux en bouche, enveloppant, avec une belle fraîcheur et un bel équilibre. L’alcool revient en finale avec la torréfaction (moka), de la praline, le tout très très long. Enfin, le 1973, millésime très ordinaire, s’en est très bien sorti. Encore assez jeune à l’œil, un peu comme le 1974, mais plus discret au nez quoiqu’assez complexe, avec une note de menthol intéressante, En bouche, solide, fruité, astringent malgré ses tannins fins et avec une bonne acidité. En finale, fraîcheur et fruité; très bien conservé.

Dernière volée, on termine avec de « petits » nebbiolos du Piémont dont le vin le moins cher de la soirée, un Nebbiolo d’Alba 1971 de Michele Mascarello e Figli et le plus vieux, le Sogno di Bacco Gran Riserva 1958 d’Umberto Fiore, à Gattinara.

Le Mascarello était foncé et montrait peu d’évolution à l’œil. Le nez était assez discret, mais très intéressant et complexe, avec du fruit, de l’anis, beaucoup de cuir et une note animale. En bouche, encore corsé, astringent et très fruité, très jeune, avec une finale fraîche, juteuse, très fruitée et très très persistent. Le vin de la soirée qui a (à une exception près) fait l’unanimité, aura été le moins cher. Et pour terminer, un vin de près de soixante ans, le Sogno di Bacce 1958, qui portait très bien son âge. Clairet et assez avancé à l’œil, bien ouvert au nez, avec du goudron, de la torréfaction (chocolat) de l’alcool (sherry) et une légère note oxydée. Très agréable en bouche, rond, gras, avec des tannins fondus et la torréfaction qui revient. Très long.

Pour plusieurs participants, cette dégustation aura été l’occasion de découvrir le véritable potentiel du nebbiolo. Dans le passé, lors de dégustations de nebbiolos plus jeunes, le commentaire « ça va être bon dans 20 ans » était souvent reçu avec scepticisme; plus maintenant.

Un dernier commentaire à propos de la décantation. Elle est évidemment nécessaire à cause des importants dépôts qu’on peut retrouver dans ces vieilles bouteilles de vin rouge, mais certains peuvent craindre que cela finisse de « tuer » ces très vieux vins considérés comme fragiles. Au contraire, le nebbiolo mature gagne en arôme et même en couleur à être décanté plusieurs heures à l’avance.

Alain Brault

25 janvier 2017

Thème : Mini tour de Gaule
Type : Club du mercredi
Organisateur : Jocelyn Audette

S’étant joint à l’Académie il y a deux ans, Jocelyn a décidé, à notre grand plaisir, qu’il était temps pour lui d’organiser une dégustation.

Pour cette première expérience, il a choisi la formule en « double aveugle »; alors, laissons-le nous surprendre.

Quels vins fait-on aujourd’hui sur les territoires que les Romains ont appelés Gaule et où ils ont développé des vignobles? C’est le thème que Jocelyn a choisi pour sa dégustation.

Il s’agit d’un vaste territoire commençant dans les Pyrénées à l’ouest et s’étendant jusqu’au Rhin à l’est et jusque dans le nord de l’Italie au sud.

Pour la mise en bouche, on se rend d’abord en Gaule cisalpine (Nord de l’Italie), avec un vin mousseux de Lombardie, le Ca’ del Bosco Cuvée Prestige 2015. Ce Franciacorta, fait de chardonnay (75 %), de pinot noir (15 %) et de pinot gris (10 %) est d’un beau jaune paille très légèrement verdâtre; l’effervescence, peu visible dans un verre Speigelau Expert Taster est cependant bien présence en bouche. Le vin offre un nez bien ouvert de fruits et de pain frais, avec une note minérale. Bien sec en bouche, avec une belle acidité, on y retrouve le fruit (pêche) plus une note florale. La finale est fraîche et de bonne persistance.

La dégustation est divisée en cinq volées où deux vins d’une même région sont comparés, l’accent étant mis sur la réputation de qualité de producteurs.

On débute en Gaule lyonnaise. Comme première volée, deux vins d’une même appellation, Sancerre, de deux producteurs réputés et de deux millésimes différents : le Sancerre La Grande Côte 2008 de François Cotat et Sancerre La Côte 2013 de Gérard Boulay.

Ces deux vins blancs faits à 100 % de sauvignon blanc récolté sur le même terroir, sont de couleur paille, très brillants tous les deux, le 2013 un peu plus foncé. C’est cependant le 2008 qui est le plus aromatique, avec un nez encore jeune, fruité (pêche), floral et une légère note végétale (que certains ont associé à de la patate); le Boulay est encore plus jeune et fruité (melon) avec une note herbacée typique au cépage plus prononcée. En bouche, c’est le 2008 qui l’emporte, plus gras, plus équilibré tandis que le 2013 est plus vif, plus sec et paraît plus mince et plus simple. Le Cotat 2008 a été l’un des vins les plus appréciés de la soirée.

Pour la deuxième volée, on se déplace en Gaule aquitaine, avec deux vins rouges d’un millésime exceptionnel à Bordeaux, mais de deux appellations différentes : le Château Chantalouette 2005, second vin de Château de Sales a Pomerol et Les Hauts de Smith 2005, second vin du Château Smith Haut Lafitte à Pessac-Léognan.

Le Chantalouette, un assemblage de merlot (70 %), de cabernet franc et d cabernet sauvignon (15 % chacun), est d’un beau rouge grenat, légèrement évolué et assez foncé. Le nez est intense, mais peu fruité, légèrement chauffé, avec une note végétale. C’est en bouche qu’il s’exprime le mieux, avec une bonne acidité, des tannins assez fins, pas trop astringents, un corps moyen, du fruit et une note fumée. Ses faiblesses : assez chaud et finale un peu rêche. Ce vin a été préféré au Pessac-Léognan.

Les Hauts de Smith (55 % cabernet sauvignon, 35 % merlot et 10 % cabernet franc) est grenat plus foncé, moins évolué. Bien expressif avec des fruits cuits, un léger goudron, mais plutôt boisé (coconut). En bouche, c’est corsé, gras, encore astringent et bien fruité, avec une finale torréfiée (chocolat noir). Pas encore prêt.

On continue vers le sud, en Narbonnaise, avec deux Côtes du Roussillon Villages, le Domaine Gauby Muntada 2004 (45 % grenache noir, 45 % carignan, 5 % mourvèdre. 5 % syrah) et Le Clos des Fées 2011 (50 % grenache noir, 30 % carignan, 20 % syrah).

Le Gauby est un vin grenat plutôt clair, au nez puissant, alcooleux, vanillé, qui rappelle les vins de Madère. En bouche, il est juteux, aux tannins présents, mais assez fondus, pas corsé, avec un côté bonbon épicé; et ça finit sur l’alcool. Peu conventionnel, mais intéressant. Le Clos des Fées, beaucoup plus jeune, est rubis foncé. Bien ouvert, avec des arômes de fruit (cerise), de crème et un peu de fumée. Il est assez corsé, avec des tannins serrés, mais pas trop astringents; un peu chaud. Bien sec en finale.

Pour le quatrième duel, on reste en Gaule narbonnaise, plus précisément à Bandol, avec un Domaine Tempier La Migoua 2005 (millésime assez difficile) et un Château Pibarnon 1998 (très grand millésime).

Le Tempier (50 % mourvedre, 20 % grenache, 26 % cinsault, 4 % syrah), assez mature, est plutôt clair. IL est très ouvert, bien fruité (cerise), avec de légères notes animale et épicée. En bouche, il est rond, très fruité, avec des tannins fins et soyeux et un bel équilibre. En finale, on goûte la figue et un peu de chocolat. Très réussi pour le millésime.

Le Pibarnon (90 % mourvedre, 10 % grenache) est toujours un vin de longue garde, surtout dans un millésime comme 1998, et c’est ce que nous avons constaté. Malgré une teinte évoluée, le vin reste corsé, avec des tannins serrés. Le nez est très ouvert, un peu animal, avec un peu de menthol, de cuir et de fumée. C’est en bouche qu’on détecte le fruit (cuit) et le caractère végétal et épicé du mourvèdre. Le fumé revient en finale. Le troisième meilleur vin de la soirée.

Pour la dernière volée, on continue vers l’est, toujours en Narbonnaise, jusqu’à la vallée du Rhône. Deux vins du très bon millésime 2004 sont dégustés : Château Fonsalette, Côtes du Rhône (le « petit » vin de Château Rayas) et Château Pesquié Artemia, Côtes du Ventoux.

D’abord Fonsalette, composé de 50 % grenache, 35 % cinsault et 15 % syrah; grenat clairet à l’œil, très aromatique, plutôt mature au nez, fumé, du cuir, de la crème, un peu poivre blanc. En bouche, il est rond, tout en finesse, très fruité (fraise) avec des tannins soyeux, à peine astringents. Ça finit avec un beau fruit épicé et une bonne persistance. Ce très grand vin, le vin de la soirée, a fait l’unanimité.

Le Pesquié, moitié-moitié grenache et syrah, est moins évolué, plus foncé, plus rouge. Un peu moins exubérant, mais plutôt complexe, avec du sapinage, un peu de menthol, du bois (coconut) des notes animale (écurie) et épicée (poivre). Sa relative jeunesse se confirme en bouche; plus serré que le Fonsalette, encore assez astringent, mais d’une belle rondeur, avec de la vanille et une finale un peu chaude. Le deuxième vin le plus apprécié de la soirée.

Alain Brault

 8 février 2017

Thème: Verticales de Rioja matures
Type : Club du mercredi
Organisateur : Marc-Étienne Lesieur

Pour l’ouverture de notre seconde « session » cette année, c’est Marc-Étienne Lesieur qui organisera, sa première fois à l’AVO, un Club du mercredi dont le thème est très prometteur.

Plusieurs millésimes (de la fin des années 70 à la mi-2000) de producteurs classiques de la Rioja seront présentés. Une belle occasion de constater comment ces vins évoluent et quand ils atteignent leur maturité.

Le vignoble de la Rioja, dans le nord de l’Espagne, remonte au moins au !Xe siècle, mais ce n’est que durant la deuxième moitié du XIXe que ses vins acquièrent la réputation internationale dont ils jouissent encore aujourd’hui. C’est à cette époque que des propriétaires, comme les marquis de Riscal et de Murrieta, ont rapporté de Bordeaux les techniques permettant de moderniser les pratiques vitivinicoles de la région.

Certaines lois encadrent l’utilisation du nom depuis le tout début du XXe siècle, mais ce n’est qu’en 1970 que la Denominacion de Origen Rioja (DO) est créée. En 1991, elle est promue au niveau supérieur de DOCa (Denominacion de Origen Calificada); seul le Priorat atteindra également ce niveau, dix ans plus tard.

Pour sa dégustation, Marc-Étienne a choisi différents millésimes de trois cuvées, un vin blanc et deux rouges, afin de nous faire découvrir le style de certains producteurs et le potentiel de vieillissement de leurs vins

Pour la première volée, on commence avec deux millésimes du Viña Tondinia Blanco Reserva de R. López de Heredia, 1999 et 2002, deux années assez difficiles en Espagne. Il s’agit d’un des plus vieux et des plus réputés producteurs de la Rioja.

Pour avoir droit à la mention Reserva, un vin blanc doit subir un élevage minimum de 2 ans, dont 6 mois en fût de chêne. Chez ce producteur, le vin passe 6 années en barriques. Ces vins sont faits de viura (macabeo) à 90 % et de malvasia.

Le vin est doré, un peu plus foncé et plus brillant pour le 1999. Le nez typique de ce vin est marqué par du fruit très mûr (pomme cuite), des noix et une note rancio assez importante. C’est encore le 1999 qui se démarque par sa complexité et son intensité, mais le 2002 suit de près avec de belles notes de cuire, de cire et de fines herbes (ciboulette). Même verdict en bouche : un 1999 gras, rond (presque onctueux), parfaitement équilibré, contre un 2002 corsé, plus vif, plus sévère, avec une légère amertume et moins de persistance. Les deux vins ont été très appréciés des dégustateurs, le 1999 faisant même l’unanimité.

Deuxième volée : on passe aux vins rouges. Quatre millésimes de Conde Valdemar Gran Reserva, les 1989, 1991 (année difficile), 2001 et 2007. Il est à noter que les vins n’ont pas été décantés avant le service; certains verres étaient brouillés.

Ce vin est fait de tempranillo (85 %), de mazuelo (10 %) et de graciano (5 %). La mention Gran Reserva exige, pour les vins rouges, 5 ans d’élevage, dont au moins 18 mois en barrique. Chez ce producteur, le rouge passe généralement 25 moins en barriques de chêne américain et français.

La couleur de chaque vin correspond assez correctement à son âge, sauf pour le 1991 qui semble beaucoup plus vieux. Le vin le plus apprécié des quatre est le 1989, bien ouvert, avec du cuir et des notes de sous-bois (feuilles mortes, champignons) et un bois bien intégré. En bouche, pas très corsé, délicat, avec des tannins souples (un peu rêches), encore du fruit, un peu d’amertume et une belle longueur. Le deuxième vin, le 1991, est intense, mais plutôt oxydé (pour ne pas dire madérisé) et très végétal; probablement une bouteille défectueuse. Le 2001 est assez beau, bien ouvert, épicé (cannelle), avec une note d’écurie prononcée et un côté un peu alcooleux. En bouche, il est gras, solide, très torréfié, avec des tannins serrés, mais accessibles et un très bel équilibre. Enfin, le 2007, très fruité et très boisé est assez déroutant (pour un rioja); c’est charnu, très fruité, plutôt alcooleux, presque « nouveau monde ».

En conclusion, aucun style, aucune signature ne sont détectables dans cette série, qui permettraient de bien définir le producteur. On dirait quatre vins venant de maisons différentes.

Dernière volée : cinq millésimes de Faustino I Gran Reserva, s’étalant sur une période de 31 ans, les 1970 (très grande année), 1991 (très difficile), 1994, 2001 et 2004 (trois très belles années). Cette cuvée est composée de tempranillo (85 %), de graciano (10 %) et de mazuelo (5 %). Ce Gran Reservax passe entre 26 et 30 mois en barriques américaines et françaises, selon le millésime.

Le 1970 est très évolué, mais superbe. Expressif, complexe, zéro oxydation; il a très bien vieilli. Bonne structure en bouche, des tannins fondus, un vin minéral, droit, « classique ». Peut-être un peu pointu… à prendre en mangeant. Un des vins les plus appréciés de la soirée. On ne peut pas en dire autant du 1991 qui est marqué d’une note végétale (feuille de tomate), avec un début d’oxydation. La bouche bien équilibrée le sauve.

Un second vin à faire l’unanimité parmi les dégustateurs, le 1994 est parfait (« textbook »). Robe grenat, limpide, à peine évoluée. Nez complexe, épicé (muscade), empyreumatique. Corps moyen, très sec, encore astringent, avec du poivre en fin de bouche. Délicieux. Pour dans 10 ans. Le 2001 est peu évolué, bien ouvert, avec des fruits rouges, du bois vanillé et un peu de sous-bois. En bouche, il est solide, un peu rêche (amertume) avec des tannins moyens et beaucoup de fruit; l’alcool ressort. La finale est bien fruitée. C’est très bien fait et beaucoup trop jeune. Le 2004 est très semblable, mais encore plus fruité et alcooleux. Pour la longue garde, mais moins que le 2001.

Cette fois, aucun problème à reconnaître le style de la maison.

 

22 février 2017

Thème: Combat des Caves III
Type: Club du mercredi
Organisateurs : Mario Couture et Denis Desjardins

Troisième et dernière édition du « combat des caves ». Lors de la première édition, les Brunello de Denis l’avaient emporté de justesse sur les Vino Nobile de Mario. Celui-ci a eu sa revanche l’an dernier sur un combat qui se jouait sur cinq régions vinicoles différentes de l’Italie. Cette année, nos deux compères se sont lancé des défis sur cinq appellations ou régions différentes à travers le monde. Ferez-vous partie du panel des seize experts qui trancheront le débat?

C’est la troisième édition de ce duel entre Mario et Denis. L’idée est de servir, à chaque volée, un vin chacun, à l’aveugle, et de déterminer le préféré du groupe par vote à main levée. Évidemment, ils s’entendent au préalable sur chaque catégorie de vin à soumettre. L’identité des vins n’est révélée qu’après le vote.

À date, chacun a remporté les honneurs une fois. Ce match tient donc lieu de « bris d’égalité » entre les deux organisateurs.

Nous aurons ainsi droit à cinq volées de deux vins; mais, d’abord, une mise en bouche

Comme mise en bouche, nous avons droit au champagne Cuvée Victoire Prestige Brut de G.H Martel, un assemblage de pinot noir (55 %), de chardonnay (40 %) et de pinot meunier (5 %). Jaune doré, assez peu effervescent, il est bien aromatique, très fruité (pommes mures), avec une note florale et un peu de caramel. En bouche, la mousse est enveloppante, le vin est équilibré et une saveur de crème pâtissière vient s’ajouter. Assez simple, mais bon.

La compétition commence avec deux vins d’une même appellation et du même millésime : le Puligny-Montrachet 1er Cru Les Referts 2010 de Vincent Girardin et le Puligny-Montrachet 1er Cru Le Clavoillon 2010 du Domaine Leflaive.

Les Referts, doré foncé avec des reflets brunâtres, semble très avancé, mais s’en tire très bien à la dégustation. Le nez d’intensité moyenne offre des notes grillées, avec un côté minéral, du miel et des noix (amandes rôties). En bouche, c’est moyennement corsé, moins fruité que le Clavoillon, légèrement fumé et rafraîchissant, avec un très bel équilibre. Un vin très délicat, qui termine sur une note de caramel, avec une bonne longueur. Un des trois vins les plus appréciés de la soirée, mais pas le vainqueur pour cette ronde.

Le Clavoillon correspond plus à un vin d’il y a sept ans. Il est jaune doré, brillant, limpide, bien ouvert, avec des arômes de cire, de noix, de fruit (pêche) et une note minérale. Le vin est gras, rond, plutôt boisé, très fruité et frais, avec un équilibre impeccable, en plus d’être très long. Le vainqueur de cette ronde.

C’est 1 à 0 pour Denis.

Deuxième volée : deux vins du Languedoc-Roussillon. Château de Lascaux Les Secrets 2001 (AOC Pic-Saint-Loup) vs Le Prieuré Saint Jean de Bébian Rouge 2005 (AOC Coteaux-du-Languedoc)

Le Pic-Saint-Loup, fait de syrah et de grenache, à parts égales, est rouge grenat, pas foncé, avec des reflets brique sur la couronne. Le nez est bien expressif, avec des herbes sèches (thym), de l’encens et des notes de sous-bois. Le vin est très corsé, bien sec, gras et un peu chaud. La finale, assez persistante, est légèrement amère. Un autre des trois vins les plus appréciés de la soirée, et le gagnant de cette ronde.

Le Sant Jean de Bébian est rubis foncé, brouillé malgré le décantage, bien plus jeune. Ce Coteaux-du-Languedoc (appellation intégrée dans la nouvelle AOC Languedoc en 2007) est un assemblage de syrah (45 %), de grenache (30 %) et de mourvèdre (25 %). C’est très aromatique, très fruité, un peu médicinal avec une note de noyau. En bouche, c’est gras, très corsé, plutôt astringent, avec des fruits cuits, un bois bien dosé, une note végétale et un bel équilibre. La finale est très fruitée, légèrement torréfiée et de bonne longueur.

Après deux rondes, c’est l’égalité.

Troisième ronde : deux IGT Toscana, le Tassinaia 2006 de Castello del Terricio et le Vigorello 2004 de San Felice.

Fait à 45 % de cabernet sauvignon, 40 % de merlot et 15 % de sangiovese, le Tassinaia est encore rubis foncé, malgré ses dix ans. Le nez est assez discret, peu défini, avec une légère odeur de carton (oxydation). C’est un assez beau vin en bouche; rond, gras, avec du fruit mûr (cerise), de tannins asses fondus, une note animale et un très bel équilibre. La finale est fruitée, juteuse et très longue. Le plus fin des deux vins.

Le Vigorello est un assemblage de sangiovese (40 %), de cabernet sauvignon (40 %) et de merlot (20 %). Encore plus vieux, il semble le plus jeune avec sa robe rubis, très foncée et opaque. Le vin est très expressif, avec des fruits très cuits, du camphre et une note florale (lavande). Un vin tout en rondeur, très, très fruité (presque sucré) avec beaucoup d’extraction et un assez bel équilibre. En finale, confiture et chocolat noir. Le vainqueur, haut la main. Mario marque le point.

C’est maintenant 2 à 1 pour Mario.

Quatrième volée : même région, la Sicile, le Faro 2009 de Palari et le Mille e una Notte 2007 (alors DOC Contesse Entellina) de Donnafugata.

Le Faro, fait en bonne partie de nerello mascalese, est grenat clairet, un peu tuilé. Le nez moyen est épicé, plutôt fumé avec une belle note végétale. Le vin est rond, soyeux, pas gros, avec des tannins sans dureté, une belle acidité et un bel équilibre. C’est très élégant, mais pas très long. Il remporte cette ronde facilement. Il fait également partie des trois vins les plus appréciés de la soirée.

Fait presque exclusivement de nero d’Avola, le Mille e una Notte est rubis opaque, bien aromatique, avec du fruit et un boisé discret. En bouche, c’est rond, très fruité, juteux, torréfié (chocolat) et bien équilibré, avec de la persistance et une belle astringence en finale.

Avec une seule ronde à faire, c’est encore l’égalité, 2 à 2.

Pour la dernière volée, la marge est assez large, avec deux vins du même pays, les États-Unis. C’est un Columbia Valley (Washington), le Chester-Kidder 2006 de Long Shadows contre un Napa Valley (Californie), le Cabernet Sauvignon Signature 2005 de Chappellet.

Le Chester-Kidder est foncé comme de l’encre, très aromatique, très fruité, sucré (érable), crémeux et légèrement fumé. La bouche est ronde, très solide, avec des tannins serrés, enveloppants, le tout sans aucune lourdeur. C’est un vin hypermoderne, avec beaucoup d’extraction (presque confiture). La finale est juteuse, très fruitée et très, très persistante. C’est le vainqueur, par une seule voix.

Le Chappellet est rubis opaque, avec un nez bien ouvert, de fruits cuits, épicé et torréfié. Le vin est corsé, avec des tannins solides, un léger caractère végétal et un très bel équilibre. La finale est astringente et les saveurs torréfiées restent.

C’est donc « au photo-finish » que Denis remporte ce deux de trois des Combats des caves contre Mario.

Alain Brault

15 mars 2017

Thème: Dix ans après – le millésime 2006
Type: Grande dégustation
Organisateur : Alain Brault

Vieille tradition à l’Académie, cette dégustation nous a souvent réservé de belles surprises. Elle nous permet surtout de vérifier le potentiel de vieillissement des vins dégustés. Cette année, c’est au tour du millésime 2006.

Je vous propose pour l’occasion quatre vins italiens : le San Leonardo, IGT Vigneti delle Dolomiti, un assemblage bordelais et trois vins d’Antinori, le Chianti Riserva Tenute Marchese, l’IGT Bolgheri superiore Guado al Tasso et l’IGT Toscana Tignanello.

La France sera bien représentée, avec cinq vins : deux bordeaux, Quinault l’Enclos St-Émilion Grand Cru et Sociando-Malet Haut-Médoc; deux vins du Rhône, le Châteauneuf-du-Pape Beaucastel et le Côte-Rôtie de René Rostaing; et, du Languedoc, Mas de Daumas Gassac.

Un espagnol viendra compléter la sélection : Alión, de la Ribera del Duero.

Chaque année, l’Académie organise une dégustation « Dix ans après », afin de vérifier l’évolution en cave de quelques vins populaires. Cette fois, c’était le tour du millésime 2006. La dégustation était en semi-aveugle; c’est-à-dire que les 32 dégustateurs savaient quels vins étaient servis, mais pas dans quel verre.

Dix vins ont été dégustés : Cinq vins français, dont deux Bordeaux, Château Quinault l’Enclos St-Émilion Grand Cru et Château Sociando-Mallet Haut Médoc; deux vins du Rhône, Le Côte-Rôtie de René Rostaing et le Châteauneuf-du-Pape du Château Beaucastel; et un vin du Languedoc, le Mas de Daumas-Gassac. Il y avait aussi quatre vins italiens, dont un vin du Trentin dans le Nord, le San Leonardo et trois vins toscans de Marchesi Antinori, Tignanello IGT Toscana, Guado al Tasso DOC Bolgheri Superiore et le Chianti Classico Riserva Tenute Marchese Antinori. Et enfin, un vin espagnol, le Ribera del Duero Alión, de Vega Sicilia.

Deux de ces vins montraient des signes de fatigue due possiblement à des bouchons défectueux. Il s’agit du Chianti Classico et à un moindre degré, du Guado al Tasso. Le chianti (90 % sangiovese) était encore très foncé, mais avec une couronne légèrement ambrée. Les arômes d’oxydation couvraient le fruit, on y trouvait de l’herbe mouillée et du sel de céleri. La texture était très belle, avec de la rondeur, des tannins assez souples et du chocolat au lait, mais peu de fruit et peu de complexité. Dommage. Le Guado al Tasso (65 % cabernet sauvignon, 30 % merlot et 5 % syrah) était presque opaque et peu évolué en apparence. Le nez était assez complexe, avec du fruit, du tabac, des notes épicée et minérale, mais aussi un début d’oxydation. En bouche, c’était corsé, ample, alcooleux, un peu végétal, avec des fruits noirs, un beau bois vanillé et une belle amertume en finale.

Trois vins étaient à peu près matures, le Côte-Rôtie, l’Alión, et le San Leonardo. Le Côte-Rôtie était clairet et légèrement tuilé. Bien ouvert au nez, avec des arômes tertiaires, bien fumé, avec des notes végétale (olive), florale, poivrée et un peu de cuir. Moyennement corsé, le vin était tout en finesse avec des fruits rouges et une belle fraîcheur. La finale était fruitée, fumée et de bonne persistance. L’Alión, le vin le plus apprécié de la soirée, était rouge foncé, légèrement brouillé. D’abord moyennement aromatique, il a fini par s’épanouir avec un beau boisé sans excès et une note épicée (poivre). Le vin était encore corsé, assez serré, avec de la réglisse, de la prune et un équilibre impeccable. Le début de maturité se détectait en finale. Très long. Le San Leonardo, un assemblage bordelais (60 % cabernet-sauvignon 60%, 20 % carmenère, 10 % merlot et 10 % cabernet franc) était rubis avec un peu d’âge. Le nez était très expressif, fruité, bien boisé, avec des notes de sous-bois. En bouche, c’était rond, fruité, frais, juteux, avec une belle trame tannique et un bel équilibre. Le vin était très long et savoureux.

Les cinq autres vins étaient encore loin de la maturité, quoique deux d’entre eux, le Tignanello et le Sociando-Mallet, montraient un début d’évolution. Le Tignanello était rubis foncé, d’intensité aromatique moyenne, s’ouvrant lentement, avec un beau boisé et une note épicée. En bouche, c’était concentré, gras, avec des tannins solides, une bonne dose de fruit et un très bel équilibre. C’était très long, avec une finale très légèrement tertiaire. Le Sociando, étonnamment le vin le moins aimé de la soirée, était également rubis foncé et bien limpide. Le nez était élégant et assez complexe, avec des épices, de la torréfaction (café), du fruit (mûres) et un peu viandé. Moyennement corsé et plutôt astringent en bouche, avec du fruit et une bonne acidité. Bonne longueur.

Les trois autres, le Beaucastel, le Daumas Gassac et le Quinault l’Enclos, étaient clairement beaucoup trop jeunes. le Beaucastel était très foncé et légèrement brouillé (dépôt). D’abord fermé et peu défini, il a pris du temps à s’ouvrit sur des arômes de fruits rouges et de garrigue. En bouche, il était rond, fruité, avec des tannins assez faciles, de la torréfaction (chocolat); un vin assez bien équilibré, élégant et généreux (trop d’alcool pour certains). La finale était fruitée et épicée, avec une bonne longueur. Daumas Gassac, un assemblage très complexe (à base de cabernet sauvignon, avec, en complément, merlot, cabernet franc, syrah, malbec, tannat, pinot noir et d’autres variétés rares), était foncé et peu évolué. Encore tout en fruit (griotte, cerise) et peu défini, le vin était corsé, assez astringent, et bien équilibré, avec une finale jugée asséchante par plusieurs. Et, enfin, le Quinault l’Enclos, bien aromatique, complexe, torréfié, avec du sous-bois, de la cerise noire, un boisé épicé et sucré, des notes herbacée et florale (lavande) et un peu de menthe. Le vin était corsé, bien tannique, très sec, avec une attaque puissante, du fruit et un peu de réglisse. Décidément loin d’être prêt.

Rendez-vous l’an prochain, pour le millésime 2007.

Alain Brault

29 mars 2017

Thème: Brunello di Montalcino
Type: Club du mercredi
Organisateur : Louis Landry

Cette année, Louis nous emmène dans le sud de la Toscane, à Montalcino, où l’on produit un des vins rouges les plus réputés d’Italie, le Brunello di Montalcino. C’est un pays de collines où les grandes variétés de sols, d’altitude et d’orientation des pentes donnent des microclimats très différents les uns des autres. Ajoutons à cela des centaines de clones de sangiovese et les variations entre les millésimes et une conclusion s’impose : le brunello typique n’existe pas.

Alors, comment s’y retrouver? Comment choisir « son » brunello? C’est ce que Louis entend nous montrer par son choix de vins en dégustation et ses commentaires éclairés.

La zone de production de la DOCG Brunello di Montalcino, dans le sud de la Toscane, comprend un grand nombre de microclimats, dû aux différences d’altitude, de sol et d’orientation des vignobles. En général, les vins du nord de la zone, autour de Torrenieri par exemple, sont plus pâles et plus austères, tandis que ceux du sud, sont plus foncés, plus mûrs, plus généreux.

Ajoutez à cela les variations des pratiques œnologiques (très modernes ou plus traditionnelles) et d’élevage (chêne de Slavonie ou barriques françaises) et vous obtenez une très grande variété de styles de vins, même s’ils sont tous faits à 100 % de sangiovese.

C’est ce que Louis a voulu nous faire découvrir en sélectionnant les vins pour cette dégustation; exercice intéressant mais pas si évident, avec les différences dues au millésime. Cette dégustation s’est faite en double aveugle, les participants ne connaissant que le thème.

En première volée, deux vins : le Fattoria dei Barbi 1997, dans la zone traditionnelle au sud de Montalcino et l’Altesino 2003, à la limite nord de l’appellation. Le Barbi, assez foncé et d’un rouge peu évolué, ne fait vraiment pas ses vingt ans. Au nez, c’est la finesse et la complexité, avec du fruit, du thé et des notes florale, végétale (olive) et minérale. Le vin est assez corsé, avec des tannins encore solides, du fruit et une bonne acidité. En finale, belle astringence et on détecte une légère évolution. Très bonne longueur. L’Altesino , plus jeune, a une robe plus évoluée. Moyennement intense, le nez est fruité, avec du chocolat au lait et une belle maturité. Ça se confirme en bouche; quoiqu’encore corsé et bien sec, il est rond et légèrement tertiaire (champignons), avec une bonne persistance. C’était un millésime très chaud.

Pour la deuxième volée, trois vins du nord : le Caparzo 2004, voisin de Barbi, le Tenuta Nuova 2007 de Casanova di Neri , à mi-chemin entre Montalcino et Torrenieri et le Spuntali de Val di Suga, entre les deux autres. Le Caparzo est clairet et peu tuilé pour son âge. Moyennement aromatique, bien fruité, assez simple. Très fin et délicat de structure, il est équilibré et presque gouleyant, avec du chocolat et une astringence un peu rêche en finale. Le Casanova di Neri est plus costaud, plus expressif, plus complexe. IL est corsé, très gras, avec des fruits noirs, des tannins serrés, beaucoup d’extraction (impression sucrée) et une note grillée. Un beau bois en finale, peu de maturité et une très bonne longueur. Un très grand vin. Le Val di Suga est beaucoup plus « moderne », presque de style international. Il est intense et très fruité, gras, rond, racoleur, alcooleux, boisé et plutôt astringent et assez long.

Troisième volée, deux vins du sud et un intrus : le Pian delle Vigne 2007 d’Antinori, près de Camigliano, la partie la moins réputée de l’appellation, l’intrus, Cepparello 2004 IGT Toscana d’Isole e Olena (en Chianti) et le Pieve Santa Restituta 2010 d’Angelo Gaja, près de Sant’Angelo in Colle. Le Pian delle Vigne est très pâle, peu aromatique, avec une note de réduction (du bouchon selon plusieurs). Il est chaud, surmûri, fade. Probablement une bouteille défectueuse. Avec le Cepparello, fait aussi à 100 % de sangiovese, on reconnait à peine le cépage. Il est très foncé,moyennement aromatique et très boisé. La structure est très belle, avec du corps et un très bel équilibre. Il est presque à maturité. Le Gaja est assez foncé, au nez intense, très chocolaté, crémeux, très boisé, surprenant pour du sangiovese. Le vin est corsé, gras, énorme! avec des fruits cuits, mais le bois prend trop de place.

Pour la volée suivante, on reste dans le sud, dans la partie la plus chaude de la DOCG, avec un Col d’Orcia 2006, à Sant’Angelo Scalo, limite sud de l’appellation, un Lisini 2010, près de Sant’Angelo in Colle et un Ciacci Piccolomini d’Aragona 2011, à Castelnuovo dell’Abate. Le Col d’Orcia (culture biologique) est peu évolué à l’œil, mais plus au ne; très ouvert, avec du cuir, du sous-bois et une note animale. Le vin est corsé avec des tannins encore solides, de la torréfaction (café) et un très bel équilibre. La finale est astringente et mentholée. Le Lisini est très clair et moins avancé avec un nez d’intensité moyenne, bien fruité et un peu de viande. Il est assez corsé, torréfié, avec une belle astringence et un équilibre impeccable. À garder en cave. Le Piccolomini, également très jeune, est plus intense, très fruité (cerise), avec du bois vanillé et une note d’érable (surprenante). Il est rond, gras, crémeux, presque sucré (15 %/vol) et nappe la bouche. Il est un peu lourd et finit sur la vanille.

En solo pour terminer, le vin de la soirée, le Castello Banfi 2003, qui a fait l’unanimité. Banfi est voisin de Lisini dans l’extrême sud de l’appellation, à Sant’Angelo Scalo. Le vin est plutôt foncé, au nez intense et complexe de fruits noirs épicés, d’anis, de chocolat, légèrement viandeux. Il est gras, avec des tannins fins et serrés et un bel équilibre. Il est très long et encore beaucoup trop jeune.

Une dégustation très instructive, mais faudra continuer à travailler le sujet.

Alain Brault

12 avril 2017

Thème: Verticales de grenache
Type: Club du mercredi
Organisateur : Philippe Richer

Une visite bien spéciale de trois producteurs traditionnels qui élaborent des vins à base de grenache sous une vinification en grappe entière, levures indigènes et vieux foudres comme technique d’élevage… une analyse sous la formule verticale afin de bien comprendre ce que peuvent réaliser ces producteurs mythiques sur plusieurs millésimes.

Pour sa dégustation annuelle d’anniversaire, Philippe nous a invités à une visite exceptionnelle de trois producteurs qui élaborent leurs vins à base de grenache de façon traditionnelle, c’est-à-dire sans égrappage, avec les levures indigènes et en utilisant de vieux foudres ou barriques.

La dégustation thématique s’est déroulée en plusieurs volées. D’abord, Les Rouliers de Henri Bonneau; ensuite, les millésimes 2012, ’13 et ‘14 de l’IGP La Luna de Bruno Duchêne, cinq millésimes (2000, ‘01, ‘02, ‘04, ‘06) de Fonsalette du château Rayas et, pour terminer, le Châteauneuf-du-Pape 2008 de Rayas.

Les vins ont été dégustés en double-aveugle, seul le thème étant connu.

Mais nous avons d’abord dégusté un champagne, question de trinquer à son anniversaire.

Le Grand Cru non millésimé d’Égly-Ouriet, un assemblage de pinot (60 %) et de chardonnay (40 %) des millésimes 2005, ‘06 et ‘07, à parts égales.

Le vin étant servi à peine frais, dans des verres à dégustation (Spiegelau taster), l’effervescence est peu visible. Le vin est d’un beau doré assez riche, qui laisse supposer de l’âge ou de l’oxydation. Le nez est intense, avec des arômes de levure, de brioche, de noix (amandes) de craie et de fleurs blanches. La structure est délicate (certains l’ont trouvé mince), avec un goût de pomme verte salée et une acidité prononcée qui donnent une finale bien vive et une bonne longueur.

D’un producteur mythique du Rhône, Henri Bonneau, un vin de pays (maintenant appelé Vin de France), Les Rouliers, non millésimé (marqué L08-09).

Le vin est rubis clairet. Bien ouvert aromatiquement, épicé (poivre), légèrement végétale, un peu terreux, avec de l’encens, de la réglisse et une note animale (étable). Le vin est rond et ample, sans être très corsé, avec des tannins soyeux biens présents, des fruits rouges (groseille, framboise) et une curieuse impression de salé. La finale est bien sèche, austère (amertume) et un peu chaude; le tout très, très long.

Première verticale : trois millésimes du Vin de pays de la Côte Vermeille (maintenant IGP Côte Vermeille), La Luna 2012, ’13 et ’14 de Bruno Duchêne. Il s’agit d’un vin fait de grenache complété d’un peu de carignan.

Ces vins sont assez semblables, malgré des différences marquées pour le 2013. En général, le vin est très fruité (certains ont dit bonbon), un peu racoleur et affiche un taux d’alcool très raisonnable (13,5 %/vol).

Le 2012 sent la fraise très mûre et est légèrement fumé, tout comme le 2014 plus épicé (poivre); le 2013 est beaucoup moins expressif, mais plus fin, avec de la vanille sucrée et de la poussière.

En bouche, le vin présente une belle rondeur, un fruité plus exubérant, des épices (cannelle, poivre) et un bon équilibre pour les 2012 et 2014, moins de fruit et plus d’acidité pour le 2013. Le manque (relatif) de fruit du 2013 le fait paraître plus rêche en fin de bouche. Bonne longueur pour les trois.

Ça devient beaucoup plus sérieux avec la deuxième verticale qui comprend cinq millésimes du Château de Fonsalette, AOC Côtes-du-Rhône, propriété du Château Rayas. Les millésime sont 2000, 2001, 2002 (par erreur la cuvée à base de syrah), 2004 et 2006; donc des vins qui ont entre 10 et 15 ans d’âge.

Ici, le style est encore plus évident, quoique les différences soient plus prononcées. Les caractéristiques du vin sont : complexité aromatique, ampleur, finesse et fraîcheur en bouche, équilibre impeccable et grande persistance aromatique; un vin de très grande classe.

Le nez est, en général, très ouvert ou même intense, le 2004 étant plus discret. Les différences aromatiques sont très marquées. Dans le 2000, il y a des notes de renfermé (carré à patates), de la torréfaction (café noir), du cuir, du tabac, des épices et une note végétale (olive). Le 2001 est crémeux, floral, avec de la vanille, du foin et moins d’épices que les autres. Le 2002 (syrah) est le plus épicé (menthol, camphre, cannelle, anis étoilé, poivre) et le plus minéral. Le 2004 est plus discret mais tout aussi complexe et dans le 2006, on détecte une légère oxydation, des notes animales, de la mélasse et un peu de goudron.

Le vin n’est généralement pas très corsé, mais reste bien rond est assez gras, sauf le 2001 et surtout le 2004 qui sont plus minces. Les tannins sont enrobés, très fins et produisent une belle astringence. L’acidité est toujours rafraîchissante et le fruit bien présent en bouche. Le seul à montrer un peu de chaleur est le 2006. La finale bien sèche ramène les arômes de chaque millésime.

Et pour terminer en beauté, le Chateauneuf-du-Pape Réservé 2008 du Château Rayas.

La robe montre une certaine évolution. Le nez est moyennement intense et très complexe, avec des notes animale, torréfiée (chocolat), un peu de vanille, du fruit, des épices. En bouche, c’est rond, gras, bien fruité, avec des tannins fins, mais solides, de la fraîcheur et un parfait équilibre. Pas de lourdeur, pas de chaleur, pas de surextraction; que de la finesse. La finale est fruitée et juteuse et c’est très, très long. Un vin de grande race!

Les superlatifs manquent pour qualifier cette dégustation. On ne peut que souhaiter à Philippe, comme certains l’ont suggéré, plusieurs anniversaires par année.

Alain Brault

26 avril 2017

Thème: Tour de France
Type: Grande dégustation
Organisateur : Louis Grignon

Louis nous convie à un Tour de France qui promet d’être des plus mémorables. Dix vins de dix appellations différentes choisis parmi les meilleures bouteilles de sa cave. Plusieurs grands vins mûris à point. Parions que, comme il nous y a habitués, qualité et variété seront au rendez-vous.

Cette deuxième dégustation organisée par Louis cette année en a impressionné plus d’un. Il nous a préparé un tour de France allant du Beaujolais à l’Alsace, en passant par la Bourgogne, la Loire, le Sud-Ouest, Bordeaux et les Côtes du Rhône. Le tout en dix vins, la plupart de millésimes cotés excellents ou même exceptionnels.

Quatre volées, dont la première en Bourgogne avec un Morgon et un Chorey-lès-Beaune; la deuxième en Loire à Chinon, dans le Sud-Ouest avec Daumas Gassac et un Cahors et à Bordeaux avec un St-Julien; la troisième en Côtes du Rhône, un Cornas du Nord et un Châteauneuf du Sud; et la dernière volée en vins blancs, avec un Savennières et un vin d’Alsace.

Les vins ont subi une double décantation quelques heures avant la dégustation et ont été dégustés en double-aveugle, seul le thème « Un tour de France » étant connu.

D’abord, deux vins de millésimes exceptionnels en région bourguignonne, un Beaujolais, le Morgon 2014 de Jean Foillard, et un Côte de Beaune, le Chorey-lès-Beaune 2010 de François Gay.

Le Morgon est encore très jeune, violacé, moyennement aromatique, bien fruité (framboise), un peu bonbon (gomme balloune pour certains), plutôt délicat en bouche (presque mince), avec des tannins faciles et un bon équilibre. Un très beau gamay.

Le Chorey est très clair et plus évolué. Bien ouvert, avec des fruits rouges poivrés, il pinote bien et, avec une légère note herbacée, est plus intéressant au nez qu’en bouche. La structure est moyenne, avec des tannins assez fondus, une bonne acidité, une note minérale et un bon équilibre. La finale est un peu sévère (amertume) et de bonne longueur.

La deuxième volée nous promène en Loire, dans le Sud-Ouest et à Bordeaux. On commence par une Chinon, Les Grézeaux 2009 (millésime exceptionnel) de Bernard Beaudry, puis le Mas de Daumas Gassac 2006 (excellent millésime), Vin de Pays de l’Hérault (aujourd’hui IGP St Guilhem-le-Désert – Cité d’Aniane… sans blague!), suivi du Cahors 2007 (bon millésime) du Château des Cèdres et, enfin, le 2e cru classé de St-Julien, Château Gruaud-Larose 2000 (millésime extraordinaire).

Les Grézeaux, fait à 100 % de cabernet franc, est assez foncé. Le nez est bien ouvert, fruité (fruits rouges, olive) et assez complexe avec des notes végétale, animale (viande) et médicinale. En bouche, il est gras, rond, bien fruité, un peu chaud, avec des tannins accessibles, un bon équilibre et une très bonne longueur.

Le Daumas Gassac est un assemblage complexe à base de cabernet sauvignon (68 %), avec du merlot (8,3 %), du cabernet franc (6,3 %), de la syrah, du malbec, du tannat, du pinot noir et quelques autres variétés rares. Ce 2006 est rubis très foncé, très aromatique, avec des fruits noirs, des dates et une note épicée. Le vin est très corsé, les tannins bien présents (encore jeunes), avec une bonne acidité et un fruité qui donnent un très bel équilibre. La finale est quelque peu austère et c’est très très long.

Le Cahors est opaque comme de l’encre. C’est le moins aromatique des quatre, avec un peu de fruits noirs et de réglisse. La bouche est ronde, les tannins assez fondus, c’est très fruité, bien concentré (trop riche pour certains) et un peu chaud, mais très bien équilibré. La finale est juteuse, avec une légère astringence et une persistance exceptionnelle.

Le Gruaud, un des trois vins les plus appréciés de la soirée, est fait de cabernet sauvignon (65 %), de merlot (29 %), de cabernet franc (3 %) de petit verdit (2 %) été de malbec (1 %). Il est pourpre foncé, bien ouvert, encore très fruité, avec de l’écurie, de la torréfaction et une note épicée. C’est costaud, assez carré, mais équilibré, avec une note végétale (poivron) en bouche. La finale est bien fraîche (un peu surette même), fruitée et c’est très, très long.

La troisième volée nous emmène dans les Côtes du Rhône, représentées par le Cornas Les Eygats 2001 (excellent millésime) du Domaine Courbis et le Châteauneuf-du-Pare Les Origines 2006 (millésime exceptionnel) du Domaine Grand Veneur.

Le Cornas, un autre des trois vins les plus appréciés de la soirée, est d’un beau rubis assez foncé, avec un nez très ouvert, très épicé (syrah), animal et légèrement fumé. Le vin est corsé, bien fruité, avec de la vanille, des tannins fondus, de l’équilibre et une finale fruitée et chocolatée bien persistante. Un vin racé, à maturité, mais qui tiendra encore plusieurs années. Le Châteauneuf est plus foncé et encore plus aromatique, avec des fruits rouges (confiture de fraise) épicés, du chocolat, du cuir, du tabac et un peu d’anis. La bouche est grasse, « sucrée » (15 % d’alcool), les tannins enveloppés. Certains l’ont trouvé un peu lourd.

Quatrième et dernière volée : deux vins blancs de très grande race, le Savennières Roche aux Moines 2004 (très bon millésime) du Domaine aux Moines et le Riesling alsacien Herrenweg de Turkheim 2008 (excellent millésime) du Domaine Zind Humbrecht.

Le Roche aux Moines (l’un des deux « grands crus » de Savennières avec La Coulée de Serrant) est encore bien jeune, malgré sa robe or orangée un peu évoluée et un début de rancio. Le nez d’intensité moyenne est fruité (pêche), avec un peu de caramel et un léger rancio (qui ressemble à l’oxydation d’un xérès).
En bouche, c’est très sec, assez vif, et le rancio revient, avec la cire d’abeille et le miel caractéristiques au chenin blanc de Loire. La finale est fruitée, un peu amère, avec des noix (amandes) et une très grande persistance. Un dessert sec!

Le riesling, vin de la soirée, est très impressionnant et étonnamment sec pour un vin de Zind Humbrecht. Il est doré et légèrement évolué, avec un nez explosif, très minéral (pétrole), très floral et fruité. Le vin est bien sec, plutôt acide, très rafraîchissant et encore bien vif (jeune). En finale, on garde le minéral, la fraîcheur avec une note de caramel brûlé et ça persiste longtemps.


Alain Brault

17 mai 2017

Thème: Surprises italiennes
Type: Club du mercredi
Organisateur : Claude Deschênes

C’est Claude qui le dit : « Si vous aimez les vins italiens, leur caractère fin et racé; la sélection du dernier club du mercredi de la saison vous envoutera et vous charmera. Réservez rapidement, les places sont limitées ».

Comment résister?

Cette année, Claude a voulu nous faire travailler trois cépages italiens. Il nous a servi un pecorino, quatre sagrantinos et sept nebbiolos. La dégustation était en double aveugle; seul indice, les vins d’un même cépage étaient identifiés (mais pas les cépages).

D’abord, en guise de mise en bouche, si l’on peut dire, le Pecorino 2015 Terre di Chieti IGP de la Cantina Tollo, dans les Abruzzes. Il est fait, à 100 %, de pecorino, un cépage indigène blanc des Marches, cultivé également dans les Abruzzes, l’Ombrie et le Latium, dans le centre de l’Italie.

La cantina Tollo fait de ce cépage longtemps oublié un beau vin jaune pâle, très brillant, avec des reflets verdâtres assez prononcés. Il est très aromatique, fruité, floral, avec des arômes de noix (amande). La structure est moyenne, mais assez grasse et le fruit (pêche, poire) ressort bien en bouche. Il est bien équilibré et se termine sur les fruits et les noix qui persistent longtemps. C’est le vin le plus apprécié de la soirée!

La première volée de rouges comprenait quatre Sagrantino di Montefalco, une DOCG d’Ombrie. Ces vins rouges, faits uniquement du cépage sagrantino, sont le Villa Mora 2009 de Podere Casale di Montefalco S.S., le Colle Grimaldesco 2009 de Giampaolo Tabarrini, le 2007 d’Adanti et le Colle alle Macchie 2011, également de Giampaolo Tabarrini.

On s’attend généralement à ce que les vins de sagrantino soient foncés, robustes, assez complexes, avec des fruits noirs (mûre, cerise, cassis), de la prune et, des épices (cannelle, réglisse). Les quatre vins sont en effet très foncés, surtout l’Adanti qui est carrément opaque, tandis que le Colle alle Macchie est un peu plus clair que les autres. L’intensité aromatique varie significativement d’un vin à l’autre, les 2009 étant bien ouverts, tandis que le 2011 l’est un peu moins et le 2007 est plutôt discret. Comme base aromatique, on détecte des fruits noirs très mûrs, presque cuits, un boisé bien intégré et une complexité très variable. Le plus complexe est le Villa Mora qui, en plus des notes florales et épicées, offre des arômes de cuir et de tabac, tandis que le plus simple est l’Adanti. Entre les deux, le Colle Grimaldeco avec son côté poussiéreux reste assez peu défini
et le Colle alle Macchie est assez intéressant avec des notes de noix été iodées.

En bouche, la gradation décroissante des structures suit l’ordre de service, le plus corsé étant le Villa Mora et le plus fin le Colle alle Macchie. C’est également en bouche que les arômes de ces vins s’expriment le mieux. Le Villa Mora est bien fruité, avec une nuance végétale; le Colle Grimaldesco, également végétal (sapinage), est plus épicé et, surtout, torréfié (chocolat noir); l’Adanti, aussi torréfié, ajoute une note fruitée (pruneau) et chauffée; et le Colle alle Macchie est encore plus fruité.

Côté équilibre, le Villa Mora, plus marqué par la chaleur de l’alcool (pourtant pas le plus élevé à 14,5 %/vol), est un peu lourd, le Colle Grimaldesco est correct, l’Adanti est bien équilibré par ses tannins solides, mais accessibles, et le Colle alle Macchie est le plus réussi, grâce à une acidité qui lui confère plus de fraîcheur. Les fins de bouche sont généralement bien sèches, plus ou moins astringentes (certains ont trouvé le Colle alle Macchie agressif) et torréfiées, avec de la vanille, du café moka, et même du chocolat noir et du marc de café pour le dernier, le plus long des quatre.

Pour la deuxième volée de rouges, sept échantillons de nebbiolo couvrant quatre millésimes récents (pour du nebbiolo), cinq barolos et deux barbarescos, les deux appellations les plus prestigieuses pour ce cépage. Les vins présentés sont, dans l’ordre, le Barbaresco Vigneto Bordini 2007 de La Spinetta, le Barolo Bussia « Cascina Dardi » 2011 de A. e G.N. Fantino, le Barbaresco Pora 2011 de Produttori del Barbaresco, le Barolo 2005 de Marchesi di Barolo, le Barolo Brunate 2010 d’Andrea Oberto, le Barolo 2005 de Fontannafredda et le Barolo 2011 d’Odero.

D’abord, les millésimes servis : 2011 est généralement considéré comme excellent (très bons vins bien mûrs, mais pas cuits et plutôt alcooleux), 2010 est une année exceptionnelle qui a donné des vins classiques, 2007 a également produit une qualité exceptionnelle et 2005 a donné de bons vins, mais au potentiel de garde limité.

Tous les vins sont relativement pâles, mais le barbaresco de La Spinetta, parfaitement limpide, est le plus foncé des sept. Il est moyennement aromatique, avec des petits fruits (cerise) cuits, des épices et du bois (vanille). Sans être très corsé, il est bien gras, avec des tannins assez faciles et un équilibre correct, mais n’est certainement pas la vedette du groupe. En finale, on retrouve une légère astringence, beaucoup de fruit et une bonne persistance. Un exemple de nebbiolo fait pour être consommé assez jeune.

Le Cascina Dardi est un Bussia, un des crus les plus réputés du Barolo. C’est le vin le plus clair, le plus pâle de la volée. Le nez est d’intensité moyenne, fruité, légèrement fermentaire, avec des notes fumées et épicées (anis étoilé). Encore plus léger que le précédent en bouche, il est plus fruité (rhubarbe, pomme Granny Smith), avec des tannins très fins; il est un peu faible de structure, fluet, presque mou. Il finit sur un fruité presque bonbon qui dure. Un bon petit nebbiolo, un vin de soif agréable à boire maintenant; déroutant pour un Bussia.

Troisième nebbiolo, le Pora 2011 de Produttori rentre un peu plus dans la catégorie des nebbiolos « typiques ». Bien ouvert, fruité et très épicé au nez, il est rond et solide en bouche, sans être trop astringent, été au fruit bien présent s’ajoute une légère minéralité. L’astringence arrive vraiment en fin de bouche, avec les arômes de réglisse.

Avec le suivant, le barolo générique 2005 de Marchesi di Barolo, on retrouve vraiment le nebbiolo typique de l’appellation. Il est un peu plus foncé que les autres, avec un nez d’intensité moyenne, fruité, épicé, où l’on retrouve l’anis et le cuir. La bouche est moyennement corsée, avec une belle astringence sans amertume et un beau bois; un vin tout en finesse et très persistant. Il doit probablement son caractère plus évolué au millésime 2005.

Cinquième vin de la volée, le Brunate 2010 d’Oberto est un autre très grand cru du Barolo. C’est un vin clairet, sans être pâle, très brillant, à la couronne légèrement orangée. Assez expressif au nez, il est bien fruité, légèrement boisé, avec une note animale, du sous-bois et un peu de goudron. En bouche, il est rond, solide, un peu carré, torréfié et on retrouve les arômes détectés au nez, avec une excellente persistance aromatique. Un jeune nebbiolo bien typé, caractérisé par la finesse et l’équilibre. Le vin rouge préféré de la soirée.

Le barolo 2005 de Fontannafredda est impeccable visuellement, mais pas très aromatique, avec du fruit, des notes sucrées, un peu d’arômes secondaires, des épices (menthe) et des noix (amande). Il n’est pas très corsé, mais assez rond, avec une belle fraîcheur, du céleri, mais presque pas de fruit (TCA… début de bouchon?) et la finale est un peu pointue. Quand même bien apprécié par plusieurs.

Et, pour terminer, le barolo 2011 d’Odero, très clair, peu aromatique, peu défini, mais où l’on détecte tout de même un peu de tabac et de caramel. En bouche, il est solide, gras, avec des tannins enveloppés; le fruit ressort, un peu bonbon (sucre brun) et l’équilibre est très beau. Ça finit bien sec et c’est très, très long. Le mal-aimé de la soirée.

En conclusion, Claude nous a fait découvrir un bon pecorino. Ensuite, il nous a permis de déguster un cépage assez peu fréquenté, le sagrantino, à différents niveaux de maturité, encore une découverte pour plusieurs. Enfin, avec sa sélection de nebbiolos, on a pu comparer des styles de vins élaborés pour différents marchés, certains pour consommation relativement rapide (style assez récent) et d’autres, plus typés, pour le cellier, sans donner dans la grande tradition qui nécessite au moins 25 ans de cave avant d’être accessible.

Alain Brault

24 mai 2017

Thème: Les découvertes de Véronique

Organisateur : Véronique Rivest

Dégustation animée par Véronique Rivest au bar à vin Soif.

Plusieurs membres et amis de l’Académie se sont retrouvés au bar à vin Soif, à Gatineau, lors de notre rendez-vous annuel avec la sommelière Véronique Rivest, question d’élargir nos horizons et de peaufiner notre technique de dégustation sous sa direction.

Elle nous a servi, à l’aveugle, neuf vins hétéroclites; des trouvailles pour la plupart des participants. Nous avons découvert des cépages et des styles de vins provenant de régions aux conditions climatiques très différentes.

D’abord, des bulles: le Schilcher Frizzante de Franz Strohmeier (Styrie, Autriche).

Le schilcher est un rosé issu du cépage indigène blauer wildbacher; celui-ci est pétillant. La robe est orange, légèrement brunâtre et le vin, non dégorgé et non filtré est un peu trouble. Le nez bien ouvert est fruité (pamplemousse rose, rhubarbe), légèrement épicé, avec des notes de levure. C’est léger en bouche, bien fruité, mais assez mordant (à servir très frais). La finale est très sèche, un peu surette et la persistance est bonne.

Ensuite, trois vins blancs, un québécois (!), un grec et un français.

Le vin québécois est le Matière à Discussion 2015 du Domaine du Nival, dans Les Maskoutains en Montérégie.

Il est élaboré uniquement à partir du cépage vidal. Jaune clair, il est assez ouvert, fruité (poire, bonbon banane) et floral, avec un peu de beurre. Sans être gras, il a une belle présence en bouche, une acidité marquée et, avec le beurre, on détecte une note fermentaire qui rappelle le fromage de chèvre. La fin de bouche est pointue, surette (comme de la rhubarbe), très fruitée et légèrement amère. C’est bien long. Très intéressant, surprenant même.

Deuxième blanc, de l’appellation (DOP) Robola di Cephalonia, le Vino di Sasso 2015 de Sklavos.

Le robola est un cépage cultivé sur l’île grecque de Céphalonie dans la mer Ionienne. Le vin est or pâle, très brillant. Bien ouvert, il offre un premier nez peu agréable, mais ces arômes disparaissent pour laisser la place aux fruits (mangue, agrumes), aux herbes fraîches, avec du miel, du foin et une note légèrement fumée. La bouche est solide, assez corsée, avec de la rondeur, une belle fraîcheur, de la minéralité et un très bel équilibre. La finale est très sèche et un peu caramel. C’est très long.

Ensuite, Les Bonnes Blanches 2012 d’Agnès et René Mosse.

Un Vin de France (ex- vins de table) fait à 100 % de chenin blanc, en Anjou (Loire). Il est doré, très aromatique, très fruité (agrumes, marmelade), très miel et floral; une belle complexité. La bouche est grasse, corsée, bien vive, très sèche, avec une belle minéralité, une saveur de pomme blette, un léger rancio et un très bel équilibre. La finale est fraîche, juteuse, bien fruitée, un peu caramel et un peu chaude (alcool), avec une bonne persistance aromatique.

On passe aux vins rouges : cinq vins; trois français (Alsace, Rhône et Sud-Ouest), un italien et un chilien.

On débute avec un Alsace Pinot Noir Strangenberg 2013 de Pierre Frick.

La couleur est très jeune, rubis clairet, mais tout de même relativement foncée pour un pinot noir d’Alsace. Le nez est bien ouvert, légèrement terreux, avec des arômes de petits fruits rouges et une note fermentaire. Le vin est assez léger, mais tout de même tannique, plutôt acide et bien fruité (cerise). La finale est surette, astringente, un peu dure et c’est assez long.

Suit le vin chilien, le Cinsault Viejas Tiñajas 2014 de De Martino (Itata).

Au Chili, le cinsault est habituellement utilisé dans les vins d’assemblage, mais on commence à en trouver en monocépage; ce De Martino en est un bon exemple. Le vin est clairet et très violacé; très expressif, fruits rouges (framboise), herbacé, légèrement fumé, avec une note fermentaire et assez de cet arôme chauffé commun à beaucoup de jeunes vins chiliens pour être détectable, mais beaucoup moins que la plupart. Il est peu corsé, gouleyant, très sec, avec très peu de tannins, une légère amertume et de la chaleur. Le vin est équilibré par son acidité. La note chauffée revient en bouche. La finale est fraîche, avec des fruits cuits et c’est très long.

Troisième rouge, un vin du Piémont, le Dolcetto d’Alba 2015 de Roagna.

À quelques exceptions près, le dolcetto donne généralement des vins assez légers, plutôt acides, pour consommation rapide. Celui-ci ne fait pas exception. Il est rouge violacé plutôt clair, très aromatique et assez complexe, bien terreux, avec des petits fruits, une note végétale (épinette), du cuir, des herbes sèches et un côté épicé. Peu corsée, la bouche est bien fruitée (cerise, fraise), avec une bonne acidité, une note animale, des tannins très fins et une certaine verdeur. Très bel équilibre. C’est très sec en fin de bouche, assez juteux, avec une légère astringence, un peu d’amertume et c’est très long.

Pour terminer, deux vins français plus classiques.

D’abord, le Cornas 2011 de Thierry Allemand, un des producteurs les plus réputés de l’appellation.

Le vin est rubis violacé sombre, très foncé même. Le nez est intense, très fruité (cerise, prune), fumé, épicé, torréfié (grillé, chocolat noir), avec une légère note médicamenteuse; très complexe, quoi. En bouche, c’est rond, mais encore bien jeune, très tannique et un peu pointu. La finale est astringente, très fruitée, juteuse et très persistante. Un grand vin à attendre.

Et, enfin, le Cahors Clos Saint Jean 2001 des Jouffreau-Hermann.

Un vin encore violacé et opaque, malgré son âge. Il est très expressif, peu fruité, avec une note végétale importante, un peu chauffé, chocolaté, et montre un début d’évolution (sous-bois, cuir, goudron) au nez. En bouche, c’est ample, rond, corsé, le fruit ressort (fraises cuites); les tannins sont présents, mais passablement fondus et l’alcool est perceptible. L’équilibre est impeccable. En finale, c’est bien sec, avec une belle astringence, quand même du fruit et c’est très long. Tiendra encore longtemps.

Somme toute, une dégustation très intéressante et très instructive qui nous a permis de découvrir ou de redécouvrir des vins qu’on ne fréquente pas ou plus; des vins pour la plupart « naturels », certains bio, d’autres en biodynamie, mais pas nécessairement certifiés.

Alain Brault

31 mai 2017

Thème: Les grands vins blancs du monde
Type: Grande dégustation
Organisateur : Philippe DesRosiers

Trois cépages nobles à déguster.

Riesling : France (Trimbach), Allemagne (Dönnhoff), Australie.

Chardonnay : Italie (Gaja), France (Puligny ou Chassagne ou…), États-Unis (étoile du jugement de Paris : Montelena), Nouvelle-Zélande (une jolie surprise).

Sauvignon blanc : Sancerre (Génération X – Mellot), Loire (Pouilly Fumé – un très grand!), Bordeaux (Graves, cru classé – à déterminer).

Un vin additionnel à déterminer.

Les rieslings sont tous au niveau de grand cru.
Les chardonnays sont choisis pour la difficulté à reconnaître leur provenance.
Les sauvignons blancs ont tout de la noblesse et rien du style Nouveau Monde. Surprenez-vous avec des SB qui sont mûrs.

Quel sera le cépage préféré? Quel sera votre vin préféré?

1.Gosset Springvale Riesling 2012 – Australie

Couleur jaune/vert pâle, et nez ouvert aux arômes de citron, limette et minéral (pétrole), typique d’un riesling germanique. En bouche, bel équilibre (entre l’alcool (faible/moyen), acidité et sucrosité). Le milieu de bouche prend de l’ampleur par paliers. Long en finale (sur l’acidité citronnée). Très bon voir excellant. À l’aveugle je croyais que c’était un kabinet allemand. 9-/10

2. Charles Baker Riesling Picone Vineyard, Stratus 2013 – Canada

D’une couleur jaune/vert pâle, ce vin exhibe des arômes persistants de fleurs blanches, limette, fruits tropicaux et pétrole. En bouche ce vin démontre un bel équilibre et des saveurs conformes aux arômes et est très long en final. Le vin démontre une sucrosité importante, mais bien supportée par l’alcool et l’acidité, permettant au vin de demeurer frais. Longue finale citronnée. À l’aveugle, j’étais convaincu que c’était un auslese de la Moselle. Vin très sérieux. Un vin qui démontre bien ce qui se fait de mieux en vin blanc au Canada. 9+/10

3. Kumeu River Maté’s Vineyard Chardonnay 2008 – Nouvelle Zélande

D’une couleur jaune/or brillant, le nez de ce vin est exubérant et de style très Nouveau Monde avec un boisé (vanille) prononcé et autres arômes typiques d’un chardonnay (pomme cuite). Les arômes annoncent un vin de grande ampleur. Le vin est délicieux, avec des saveurs beaucoup plus complexes qu’au nez. La bouche est même huileuse (de citron). Quel bel équilibre en bouche, avec beaucoup de fruit et une acidité vive permettant au vin de demeurer frais. Légère amertume en finale très longue. Excellent, voire même exceptionnel. 9.5/10

4. Alphone Mellot Génération XIX Sancerre 2011

Vin très ouvert et aromatique – fruits tropicaux, groseille et herbes. En bouche, le vin est herbacé (pelouse fraichement coupée) et délicat. Bel équilibre. Un très beau sauvignon blanc.

5. Trimbach Cuvée Frédéric Émile Riesling 2007 – Alsace

Beau nez complexe et ouvert de riesling avec un peu de maturité – avec arômes de pétrole, citron et bois neutre (cire). Le vin est très sec (peu ou pas de sucre résiduel), démontrant une charpente de fruits et un superbe équilibre. Très long et délicieux. 9+/10

6. Donnhoff Felsenberg Riesling 2013 – Allemagne

Nez très ouvert et complexe, semblable à un muscat ou gewurztraminer – parfumé, fruits tropicaux. À l’aveugle, j’ai trouvé difficile d’identifier le cépage riesling. Le vin a un bel équilibre, des saveurs semblables aux arômes et à une longue finale. J’ai trouvé que la structure du vin en bouche aurait bénéficié de plus de charpente. Très bien. 8.5+/10

7. Château Montelena Chardonnay 2007 – Californie

De couleur jaune/or, ce vin ouvert au nez exhibe des arômes complexes de beurre, pommes et huîtres. Le vin a un très bel équilibre, démontre beaucoup de finesse et délicatesse et a une finale moyennement longue, avec un goût d’amande. Excellent. 9/10

8. Chassagne Montrachet Marquis de Laguiche, Joseph Drouin 2002 – Bougogne

Couleur or. Le vin a des beaux arômes d’un chardonnay légèrement boisé (donnant complexité) et pommes. Quel beau vin en bouche! Le vin démontre des saveurs cohérentes avec ses arômes, des saveurs tertiaires (évolution en bouteille de plusieurs années) et de la finesse. Longue finale légèrement asséchante apportant complexité. Délicieux. 9+/10

9. Didier Daguenau Cuvée de Silex 2006 – Pouilly Fumé

De couleur jaune foncé, le nez de ce vin fait très sauvignon blanc. J’ai trouvé le nez très ouvert, avec arômes de pamplemousse rose et pipi de chat, qui m’ont suggéré que c’était un sauvignon blanc très sérieux de la Nouvelle-Zélande. Le vin est très sec, offre une belle minéralité et un équilibre réussi. Très complexe et excellent. 9+/10

10. Pavillon Blanc du Château Margaux 2007 – Bordeaux

Couleur jaune foncée, le nez de ce vin est incroyablement complexe – bonbon, fruits tropicaux (fruit de la passion et papaye) rehaussé par une légère perception de vanille (barrique). Le vin est très sec et offre un équilibre réussi. Complexe et déroutant en bouche, même si le vin permet de déceler le cépage sauvignon blanc. Le vin offre une très longue finale. Un grand vin. 9.5+/10

Commentaire et analyse de Monsieur Philippe Muller.

7 juin 2017

Atelier sur les vins effervescents