
Dégustation du 21 mai 2019
au bar à vin Soif
organisée et animée par Véronique Rivest
Comme chaque année, Véronique a accepté
d’animer une dégustation pour les membres de
l’Académie et quelques amis. Comme chaque année
également, son mandat était de nous sortir des sentiers
battus, de nous présenter des vins peu connus ou
sous-estimés dans le milieu de la dégustation.
Elle nous a servi dix vins, d’importation privée pour
plusieurs, généralement d’appellations peu connues
et même de simples « vins de table », tous
faits par des producteurs réputés pour leur
sérieux et leur originalité. Certains vins provenaient de
régions très connues, mais pas pour les cépages
présentés.
Les vins ont été servis en double aveugle, un à la
fois.
#1 – Britagne Rosé,
Exton Park Vineyard.
Un mousseux anglais de méthode classique, composé de
pinot noir (70 %) et de pinot meunier. Il est
légèrement cuivré (oeil de perdrix) et assez
pâle. Le nez est très intense et fruité
(framboise), avec une note de miel. La mousse est très belle en
bouche, avec une bonne texture plutôt soyeuse; le vin est vif et
brut (8,8 g/l). La finale fruitée rappelle un peu le ginger
ale, avec une acidité et une amertume qui lui donnent une
certaine dureté. Intéressant.
#2 – Metoxi Chromista 2009 (IGP
Agioritikos), Tsantali.
Ce vin blanc de Macédonie, en Grèce, vient du mont Athos
et est fait d’assyrtiko et de sauvignon blanc. Il est d’un
beau jaune doré aux reflets verdâtres et à la
couronne transparente. Bien expressif au nez, il est floral et
fruité, avec une légère minéralité.
La bouche est assez grasse, bien sèche, fruitée sans plus
(compote de pommes) et montre un début d’oxydation;
l’équilibre est acceptable. Ça finit sur le miel,
la pêche et l’amertume mais c’est malheureusement un
peu court.
#3 – Le Cigare Blanc 2014 (AVA
Arroyo Seco), Bonny Doon.
Fait de 66 % de grenache blanc et 34 % de roussanne, ce vin
blanc vient de Monterey County en Californie. Il est beaucoup plus
pâle et verdâtre que le précédent. Il est
très aromatique et très floral. En bouche, assez gras, il
nappe le palais et est très sec, presque tannique, avec des
arômes de beurre, une bonne chaleur (14,5 %/vol) et un
équilibre acceptable, mais un peu faible côté
acidité. La fin de bouche est fruitée, très
minérale et de bonne longueur.
#4 – Mature Vine Riesling 2016
(Central Otago), Rippon Vineyard.
Ce riesling néo-zélandais, de la région du lac
Wanaka, a été fermenté sur lies. À
l’œil, il ressemble assez au Bonny Doon. Le nez intense et
minéral est bien typé riesling. En bouche, il n’est
pas très corsé, plutôt amer et asséchant,
mais quand même bien fruité (abricot, pamplemousse) et
minéral; côté équilibre, il reste un peu
pointu. La finale est juteuse, très, très sèche
(malgré ses 8,2 g/l de sucre résiduel) et la
persistance aromatique est très bonne. Encore bien jeune.
#5 – Denavolino Bianco (Vino da
tavola), Denavolo.
Ce vin très original d’Émilie-Romagne est fait
d’ortrugo, de malvasia di Candia et de marsanne (25 %
chacun), plus une variété d’autres cépages
de la région. Ayant subi une longue macération
pelliculaire (jusqu’à 2 mois), il est orange et
brouillé. Au nez, il est explosif et bien marqué par la
levure (rappelle la bière), avec des notes florale et bonbon. En
bouche, il est perlant, plutôt mince, quoique ses tannins lui
donnent une certaine mâche; il est très levuré,
avec du zeste d’orange et du foin séché et
l’équilibre offre une très belle fraîcheur.
C’est l’arôme de bière qui persiste,
très longtemps.
#6 – Côt à
Côte 2017 (AOC Côtes-du-Forez), Cave Verdier-Logel.
Ce vin de Loire (près de Lyon), fait de malbec, est très
violet et peu foncé. Il est très aromatique et passerait
facilement pour un beaujolais; il est très fruité (fruits
noirs, bleuet, mûre) et bien terreux. Il est moyennement
corsé, bien fruité, bien sec, épicé
(poivre) et bien équilibré par son acidité. La
finale est bien sèche, très fruitée et de bonne
longueur.
#7 – Xinomavro Jeunes Vignes
2017 (AOP Naoussa), Domaine Thymiopoulos.
Un vin grec fait exclusivement de xinomavro, rubis très
pâle, presque rosé. Assez discret au nez, il est
plutôt petits fruits rouges (fraise), tomate séchée
et grenade. Il est cependant beaucoup plus impressionnant en bouche,
bien gras, corsé, très bien équilibré,
parfaitement sec, très fruité (confiture), avec des
tannins assez fins et une certaine chaleur, malgré son
raisonnable de 13 %/vol. La fin de bouche est bien sèche et
très fruitée.
#8 – Nero d’Avola 2016
(Mendocino County), Martha Stoumen.
Un cépage du sud de l’Italie, cultivé en bio, en
Californie. Le vin n’est pas beaucoup plus foncé que le
précédent, mais est plus violacé. Il est assez
ouvert au nez, avec du fruit (confiture de cerises), des épices
(poivre), une note médicamenteuse et de la cendre. En bouche, le
corps est moyen, le fruit bien présent (rhubarbe) et on
détecte une note de coconut frais. La finale, à peine
astringente, est très fruitée (framboise, agrumes) et
très longue. Un vin savoureux pour plusieurs, mais pas
apprécié par tous; certains l’ont qualifié
de « fabriqué ».
#9 – À table avec
Léandre, Domaine Pignier.
Ce vin rouge du Jura, issu de onze cépages en complantation
(trousseau, poulsard, pinot noir de Bourgogne, pinot noir du Jura,
pinotin, gamay noir, gamay teinturier, gamay blanc, petit
béclan, argan et enfariné, pour ne pas les nommer), peut
être qualifié de « naturel »
(zéro intrants). Un autre vin rouge très pâle,
presque rosé. Il est bien aromatique, fruité, avec une
note animale (viande) et de la vanille. La bouche, assez grasse, ronde
et bien fruitée, est dominée par le pinot noir et est
très bien équilibrée. La fin de bouche est
torréfiée, fruitée, animale,
légèrement amère et très, très
persistante. Une trouvaille.
#10 – Viñas de Sierra El
Cadastro 2015 (DO Arlanza), Olivier Rivière.
Ce vin de Castilla y Léon est fait de tempranillo à
95 % et de grenache. Il est beaucoup plus foncé, avec des
reflets violacés. Le nez est explosif, énorme,
très chauffé (caoutchouc), avec des fruits cuits (prune),
des notes soufrée et animale (cuir); quelqu’un l’a
qualifié d’entêtant. Il est très
corsé, avec des tannins serrés, torréfié
(chocolat noir) et assez chaud (14,5 %/vol);
l’équilibre est bon, mais un peu plus
d’acidité n’aurait pas nui. La finale est bien
astringente, très torréfiée, confiturée et
très longue.
Encore une fois, Véronique a réussi à nous
surprendre et à nous faire partager son goût pour les vins
qui ont le caractère de leur terroir et de leur(s)
cépage(s), des vins aussi naturels que possible, rien de
« bodybuildé », mais plutôt de la
finesse et de la fraîcheur.
On ne sort jamais de ces dégustations sans avoir fait quelques
découvertes et appris quelque chose. Merci Véronique et
à l’année prochaine, j’espère.
Alain Brault