
Dégustation du 21 novembre 2018
« La syrah à travers
le Monde»
Organisée par Richard Archambault et Stéphan Gagné
Après une brève introduction sur les origines de la
syrah, sur sa répartition dans le monde et sur ses principales
caractéristiques, Richard et Stéphan ont servi aux
participants quatre volées de deux ou trois vins, chacune
comptant un vin français et un ou deux vins d’ailleurs. Le
défi consistait à identifier le vin français et
son appellation ainsi que le pays d’origine des autres vins.
Après les quatre volées, Stéphan qui avait
apporté un vin de secours, au cas où, a
décidé de le servir. Cela fait donc onze vins, tous
servis en double aveugle.
Première volée, trois vins faits exclusivement de
syrah : le Syrah 2015 (VQA
Okanagan Valley) de Painted Rock, le Sentinel Oak Vineyard Pyramid Block 2009
(AVA California Shenandoah Valley) du Domaine de la Terre Rouge
et Les Amandiers 2015 (AOC
Minervois-La Livinière) du Château Maris.
Painted Rock Estate Winery est situé dans la zone centrale (au
sud de Penticton) de l’indication géographique Okanagan
Valley. Ce Pyramis Block 2015 est rubis assez foncé. Il est bien
aromatique, sur le fruit de jeunesse, les épices (vanille) et la
minéralité domine. Rond et gras en bouche, il est bien
fruité, les tannins sont assez faciles, mais le vin est quand
même bien sec et un peu chaud; l’équilibre est
correct. La fin de bouche est fruitée, épicée,
grillée, minérale et très, très longue.
L’AVA California Shenandoah Valley est située au centre de
la super AVA californienne Sierra Foothills. Ce Terre Rouge 2009 est
encore plus foncé. Le nez est bien ouvert, avec des fruits noirs
(confiture de mûres), des herbes sèches (thym), une bonne
dose de bois vanillé et une note goudron. Moyennement
corsé, il est très fruité, chocolaté, bien
frais et encore astringent. L’équilibre est impeccable et
la finale juteuse, fruitée, boisée,
torréfiée et très persistante.
L’AOC Minervois-la Livinière est l’un des six
« Crus du Languedoc », la plus prestigieuse
catégorie du nouveau classement des vins de cette région.
Le Maris 2015 est le plus pâle des trois. Il est moins ouvert,
plus sur la retenue, un peu poussiéreux, avec du fruit
épicé, un peu de viande fumée et un peu de bois.
La texture est très belle, fine, les tannins sont accessibles et
le bois bien présent, mais il manque un peu de nerf. Ça
fini tout en finesse, sur le bois vanillé et la longueur est
bonne. La plupart des dégustateurs l’ont correctement
identifié comme étant le vin français.
Deuxième volée, deux autres 100 % syrah : le Saint-Joseph 2012 du Domaine Jean-Louis
Chave et le Syrah 2011 (WO
Franschhoek) de Boekenhoutskloof en Afrique du Sud.
Le Saint-Joseph est rubis moyen. Bien ouvert, il est très
fumé, bien fruité (mûres, olives), très fin
et complexe. Il n’est pas très corsé, mais bien
rond, plutôt soyeux et bien fruité en bouche, avec une
belle fraîcheur et des tannins agréables, ce qui donne un
superbe équilibre. La fin de bouche est fraîche,
fruitée, à peine boisée, avec une surprenante note
salée et la persistance assez bonne. Le vin de la soirée,
à l’unanimité.
Le Franschhoek est plus foncé et aussi peu évolué.
Très expressif, il est fumé, plus boisé (noix de
coco), avec un peu de viande, de l’encre et une bonne dose de
fruits. En bouche, il est plus costaud, plus extrait, plus
confituré, un peu médicamenteux, avec d’aussi beaux
tannins, mais un peu lourd. La finale est boisée, cuite,
torréfiée (chocolat noir), assez chaude (14,5 %/vol)
et très longue, mais c’est surtout le bois qui dure.
Troisième volée, encore deux purs syrahs, mais du
même producteur : le Crozes-Hermitage
La Guiraude 2012 d’Alain Graillot et son Heathcote Syrah 2011 australien.
Le Crozes est rubis assez foncé, légèrement
brouillé. Il est bien ouvert, plutôt fumé,
torréfié, très terreux (betterave), avec des
petits fruits, une note écurie et une certaine verdeur
herbacée (fougère, asperge). Le vin n’est pas gros,
très fruité (cerise), vif, assez tannique, un peu pointu,
mais rafraîchissant. Ça finit un peu suret, fruité
(mûres), bien sec et c’est très, très long.
Heathcote est près de Melbourne, dans Victoria, Le vin est
grenat plus pâle, un peu trouble et beaucoup plus
évolué. Le nez est explosif, fruité,
épicé, bien fumé et assez animal, avec du goudron;
un peu racoleur pour certains. En bouche, il est plus rond, plus
corsé, bien fruité, à peine boisé, avec de
la viande fumée, de la tapenade, du caramel brûlé
et du café; l’équilibre est irréprochable.
La finale est grillée, fruitée, fumée et bien
persistante. Deuxième meilleur vin de la soirée.
Dernière volée, trois vins plus
évolués : le Castello
del Terriccio 2006 (IGT Rosso di Toscana), le Côte-Rôtie 2009 de Pierre
Gaillard et le Syrah Pago
Garduña 2006 (Vino de la Tierra de Castilla y León)
d’Abadia Retuerta.
Le Castello del Terriccio 2006, un assemblage (50 % syrah,
25 % petit verdot et 25 % d’autres cépages
autorisés en Toscane), est très foncé, mais la
couronne tourne au brique. Le nez est moyen, assez sauvage
(quelqu’un a parlé de chausson sale),
torréfié, fruité (cerise), avec une note de
sous-bois. La bouche est grasse, corsée, assez
végétale (céleri), un peu médicamenteuse et
les tannins sont serrés, mais assez fins; c’est le plus
fruité des trois et l’équilibre est correct.
Ça finit sur les fruits cuits et l’astringence.
Deuxième vin le plus apprécié de la soirée,
ex aequo avec le Crozes d’Alain Graillot.
Le Côte-Rôtie 2009 (90 % syrah et 10 % viognier)
est assez pâle et très évolué. Il est assez
expressif, très fruité (encore du fruit primaire),
chocolaté, avec du menthol et du camphre. En bouche, il est
rond, soyeux, alcooleux (kirsch, malgré ses 13 %/vol), un
peu « chimique », bonbon (sucre d’orge), il
a même été question de Cherry Coke;
l’équilibre est approximatif. La finale est juteuse,
grillée, bonbon et très, très longue.
Le Garduña 2006 (100 % syrah) est d’une teinte entre
les deux précédents. Le nez est d’intensité
moyenne, mais très boisé (le bois prend toute la place);
il est plutôt tertiaire (sous-bois, tabac, cuir) et évolue
beaucoup dans le verre. En bouche, c’est tissé
serré, avec des tannins bien présents, un peu de fruit et
beaucoup de bois. La fin de bouche, hormis le bois, est astringente,
rafraîchissante, caramélisée et assez persistante.
Enfin, l’extra, un Coteaux du
Languedoc Grès de Montpellier 2007 de Mas du Novi, est
encore opaque et à peine évolué. Il est bien
ouvert, torréfié, avec des fruits rouges (framboise,
cerise), un peu de fumée et d’épices. Très
gras en bouche, il présente des tannins solides, beaucoup de
fruit (cuit), du camphre, un très bon équilibre, une
belle astringence et un peu de chaleur en finale, avec une bonne
longueur.
Onze vins de syrah de styles très variés dont quelques
très grands vins : quelle belle façon de clore la
session d’automne 2018 de l’Académie!
Alain Brault