
Dégustation du 29 janvier 2020
« La vallée de la Loire »
organisée par Marc André Gagnon
Cet atelier-dégustation de Marc André a
débuté par une présentation générale
de la région vinicole de la Loire, son étendue
géographique, sa grande variété de sols et de
climats, quelques statistiques importantes, etc. Ont suivi quelques
indications sur le déroulement de l’exercice :
premièrement, il a décidé de s’en tenir aux
vins blancs secs, en se concentrant sur les trois principaux
cépages, le melon de Bourgogne, le chenin blanc et le sauvignon
blanc.
Onze vins ont été servis en double aveugle, les dix
premiers présentés en paires, afin de faciliter les
comparaisons.
La première paire de vins dégustée était
composée de deux Muscadets,
un vin d’entrée de gamme et un des vins
« communaux » de l’appellation :
La Sablette Muscadet de Sèvre
et Maine sur Lie en a surpris plusieurs. Jaune très
pâle, le vin est bien aromatique, fruité (poire, fruits
tropicaux, agrumes, pomme verte), avec une note florale. Bonne texture
en bouche, belle acidité, avec un léger perlant; un vin
vif, croquant, assez équilibré, qui finit tout en fruit
et est assez long.
Le Muscadet de Sèvre et Maine
Clisson 2015 de la Famille
Lieubeau est jaune doré plus riche. Le nez,
d’intensité moyenne, est plus complexe; en plus des
fruits, on y détecte de l’oignon et des épices. La
bouche est plus grasse, moins fruitée et moins acide, mais plus
minérale. Du caramel au beurre s’ajoute en finale, mais
c’est un peu court. Plus fin et plus complexe, il a
été préféré au
précédent par 72 % des participants.
Cette première volée s’est terminée avec une
présentation plus détaillée sur l’AOC
Muscadet, sur ses crus communaux et sur son cépage, le melon de
Bourgogne.
Avant la deuxième volée, Marc André a
présenté les différents cépages
autorisés en Loire. Les vins de la deuxième paire sont
faits de chenin blanc.
Le Jasnières 2017 du Domaine de la Roche Bleue est or
pâle, moyennement aromatique, fruité (pomme verte,
agrumes) et floral. L’attaque est fruitée (compote de
pommes), le corps moyen et l’acidité très bonne. La
finale est légèrement végétale, pointue et
un peu rêche. Un vin plutôt unidimensionnel, peu
typé chenin aromatiquement.
Chinon Blanc Le Coteau de Sonnay 2017
du Domaine Fabrice Gasnier. Le
vin blanc ne représente qu’entre 2,5 et 3 % de la
production de Chinon. D’un beau doré assez riche, il est
plus discret au nez, avec du fruit et une note épicée qui
rappelle le botrytis. La bouche est grasse, corsée, moins vive,
légèrement sucrée, ce qui rend le vin un peu mou;
on y détecte du caramel, du beurre, du miel, de la cire
d’abeille et du fruit (pêche). Un vin très
différent, préféré au Jasnière par
94 % des dégustateurs.
Cette volée a inclus une présentation sur la
région de Touraine, sur l’AOC Jasnière et sur le
cépage chenin blanc.
Pour la troisième paire, c’est Vouvray contre Saumur, deux autres chenins :
Le Venise (Vin de France) 2017
du Domaine de la Taille aux Loups
de Jacky Blot est fait de
raisins provenant du territoire de l’AOC Vouvray, mais il
n’a pas droit à l’appellation parce qu’il est
vinifié à Montlouis, de l’autre côté
de la Loire, ce qui n'est plus permis depuis 2014. D’un jaune
très pâle avec de légers reflets verdâtres,
il est assez ouvert au nez, fruité, avec de surprenantes notes
de champignon et d’oignon cuit. En bouche, la texture est
très belle, avec de la fraîcheur, du fruit (agrumes,
ananas), une belle amertume et un équilibre impeccable. La fin
de bouche est très fruitée, un peu chaude (13 %/vol)
et de bonne longueur. Cette fois, c’est pratiquement
l’égalité : ce presque-Vouvray n’a
obtenu qu’une seule voix de plus que le Saumur.
Le Clos de l’Échelier
(AOC Saumur) 2017 du Domaine
des Roches Neuves de Tierry
Germain est jaune plus foncé, verdâtre, très
brillant. Aussi ouvert que le précédent, il a moins de
caractère; il est fruité et floral (fleurs blanches),
avec un peu de miel et semble plus évolué. Il a du corps,
de la rondeur, une belle fraîcheur, du fruit et une belle
amertume de zeste d’orange. Un vin vif, très sec et
très persistant.
La présentation continue, avec la région Anjou-Saumur et
les AOC Vouvray et Saumur.
Pour la volée suivante, on reste dans les vins de chenin, avec
leur appellation la plus célèbre, Savennières :
Le Parc (AOC Savennières) 2015
du Domaine FL de la famille
Fournier-Longchamps est jaune paille très pâle. Plus
ouvert que le Clos du Papillon, il est bien fruité (citron
confit). En bouche, il est corsé, très vif, bien
fruité et minéral. On détecte de la pomme en
finale et la longueur est très bonne. Un savennières qui
a encore besoin d’un long séjour en cave pour
s’adoucir et se développer. Il a quand même
été préféré au Clos du Papillon par
60 % des participants. C’est le vin de la soirée.
Le Clos du Papillon (AOC
Savennières) 2015 du Domaine
du Closel est un grand savennières dont la SAQ nous a
privés durant plusieurs années. Il est également
assez pâle, mais très brillant. Le nez est ouvert,
fruité, avec du miel, de la laine mouillée, de la cire et
une très légère oxydation. La bouche est grasse,
charpentée, très fruitée (abricot, coing), mieux
équilibrée, avec une bonne acidité et du miel. La
finale est vive, fruitée (pomme granny smith) et la persistance
aromatique est excellente. Deuxième vin le plus
apprécié de la soirée, ex aequo avec le Monts
Damnés de la volée suivante.
Suit une présentation détaillée de l’AOC
Savennières, de ses grands crus La Coulée de Serrant et
La Roche-aux-Moines et des deux producteurs dont les vins ont
été servis.
Pour la dernière paire, on arrive en Centre-Loire, pays du sauvignon
blanc, avec deux sancerres
très fruités, d’un même producteur :
Le Sancerre 2018 de Paul Prieur et Fils est jaune
pâlot. Il est très aromatique, minéral (silex),
bien herbacé et fruité (pamplemousse). Il est moins
corsé que le Monts Damnés, plus frais, bien fruité
(pêche, abricot), avec du poivre vert et aucune note
boisée. La fin de bouche est très fruitée,
florale, herbacée (typique), un peu chaude et de bonne longueur.
Le Sancerre Monts Damnés 2017
de Paul Prieur et Fils est
aussi pâle mais plus verdâtre. Le nez est intense,
très fruité, floral, plus minéral (pierre à
fusil) qu’herbacé et un peu boisé. La bouche est
grasse, d’une grande fraîcheur, plus herbacée
qu’au nez, avec une minéralité austère et du
bois. La finale est très fruitée, minérale, avec
un léger caramel et elle est très, très
persistante. Cette cuvée issue de Chavignol a été
préférée au précédent par 81 %
des participants et est le de deuxième vin le plus
apprécié de la soirée, avec le Clos du Papillon)-.
Encore une fois, la dégustation a été
complétée par une présentation
détaillée sur l’appellation, dans ce cas l'AOC
Sancerre
Pour conclure l’atelier, MAG nous a présenté les
vins effervescents de la Loire, les « fines
bulles », leurs appellations et leurs cépages, tout
en servant un autre vin de Jacky Blot, un pétillant naturel
(petnat) fait exclusivement de chenin blanc :
Le Triple Zéro du Domaine de la Taille aux Loups;
triple zéro pour zéro chaptalisation, zéro liqueur
de tirage et zéro dosage (un vin embouteillé avant la fin
de la seule première fermentation). Il est or assez riche et,
servi dans des verres Riedel
Ouverture, peu effervescent à l’œil. Le nez
est intense, fruité, avec du sucre d’orge, du sirop
d’érable et une bonne dose d’oxydation. En bouche,
on découvre une belle mousse bien persistante, une très
bonne acidité, du fruit (pomme verte, kiwi) et un peu de beurre.
Un vin très original, très sec, qui finit un peu
rêche, très fermentaire (levure) et que Marc André
a qualifié d’« exercice de style ».
Nous avons eu droit à un atelier-dégustation très
documenté, agrémenté d’anecdotes de voyages
en Val de Loire et étayé par une sélection de vins
illustrant bien les principaux cépages blancs de la
région et servis en paires assez homogènes pour permettre
de bien comparer les différents terroirs.
Voilà pour les vins blancs secs de la Loire; merci Marc
André. À quand les rouges? Et les grands vins moelleux?
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Alain Brault