
Dégustation du 23 janvier 2019
« Le Val de Loire en blancs
»
Organisée par Jocelyn Audette
Jocelyn nous a préparé une dégustation de vins
blancs secs issus des deux grands cépages blancs qui font la
réputation de la Loire, le chenin blanc et le sauvignon blanc :
onze vins de huit producteurs, sur six appellations, le tout en double
aveugle.
Pour ouvrit la dégustation, des bulles : le Vouvray Pétillant Brut
Réserve 2009 du Domaine Huet, fait à 100 % de
chenin blanc. Jaune paille, il est très aromatique,
fruité (pomme verte), avec de la cire d’abeille, de
l’hydromel, une note grillée et un léger rancio.
L’attaque est très fraîche, avec une bonne mousse
qui dure en bouche; le vin est assez gras, mais peu minéral pour
un chenin de la Loire et on retrouve en bouche le fruité (pomme,
agrumes) qui s’étire en finale, avec du biscuit.
Suivent cinq vins faits exclusivement de chenin blanc : un Jasnières, un Coteaux du Loir, un Vouvray et deux Saumur.
Le Jasnières est un Calligramme
2013 du Domaine de Bellivière. Il est doré assez
foncé. Le nez est bien ouvert, fruité, avec de la
pâte de coing, de la mirabelle, du caramel et un début
d’oxydation. En bouche, il est très fin, délicat,
très bien équilibré et termine sur de
l’amande amère et des notes tertiaires assez longues.
Le Coteaux du Loir est un Vieilles
Vignes Éparses 2013 du même domaine. Cette
cuvée est issue de vignes ayant entre 50 et 80 ans. Le vin est
doré plutôt foncé (pour un 2013). Il est
très ouvert, fruité (pomme), fumé, avec du miel et
un léger rancio. La bouche est grasse, très
fruitée et bien vive. La persistance aromatique est bonne.
Le Vouvray est un Clos de la
Bretonnière 2015 du Domaine de la Taille aux Loups (Jacky
Blot). Il est doré très clair, le plus pâle de la
série et brillant. Très ouvert au nez, on y
détecte du miel, de la cire, des fruits (pêche, agrumes)
et un peu de noix. L’attaque est vive; il est gras, solide, bien
fruité et assez équilibré (certains l’ont
trouvé trop acide); la fin de bouche est très juteuse,
avec une note grillée et elle est très longue.
Le premier Saumur est un Clos des
Carmes 2013 du Domaine Guiberteau. Il est jaune clair avec des
reflets verts. Le nez est explosif, très fumé,
minéral (pierre à fusil), boisé, avec du miel et
du zeste d’agrume. En bouche, il est moyennement corsé,
très sec, droit, fruité, très minéral,
boisé et très bien équilibré. La finale,
assez longue, est très minérale, avec une
légère amertume très agréable.
Le deuxième Saumur est un La
Charpentrie 2013 du Domaine du Cellier. Le nez,
d’intensité moyenne, donne une impression de sucré;
il est fruité (pomme, poire, citron, coing), avec du miel, de la
cire et un peu de chêne. Il s’exprime plus en bouche; il
est rond et gras, légèrement muscaté, avec un peu
de caramel et une acidité un peu pointue qui donne une finale
très vive.
On passe ensuite aux vins de sauvignon blanc, tous à 100 % :
deux Sancerre de la même parcelle et du même
millésime, faits par les cousins Cotat à Chavignol,
suivis de trois Pouilly-Fumé du très réputé
Domaine Didier Dagueneau.
D’abord, Les Monts
Damnés 2013 du Domaine Pascal Cotat, jaune doré
assez clair. Il est très aromatique, très herbacé
(asperge), bien fruité (agrumes) et légèrement
fumé. Il est assez gras, ample et très fruité en
bouche (pomme verte); le côté herbacé passe bien et
il est un peu chaud. La fin de bouche est assez vive, très
fruitée (pamplemousse) et très persistante.
Ensuite, un autre Les Monts
Damnés 2013, mais du Domaine
François Cotat cette fois. Le vin est plus pâle et
plus verdâtre. Il est également plus discret au nez, moins
herbacé; il s’ouvre lentement. La texture en bouche est
d’une rondeur exceptionnelle; il est bien fruité
(limonade), bien sec, minéral et mieux équilibré
(moins acide). La finale donne une impression de sucré et est
très, très longue. Ces deux vins, très
différents, ont été également
appréciés par les participants.
Le premier Dagueneau, servi
à côté des deux Cotat, est un Blanc Fumé de Pouilly 2013.
Il est très pâle et verdâtre comme le
précédent. Le nez d’intensité moyenne est
herbacé (pipi de chat), minéral (craie, silex) et
légèrement ammoniaqué (brie). Il est peu gras en
bouche, très herbacé, avec une acidité mordante et
une note de patate crue. La finale est vive et végétale.
Beaucoup trop jeune.
Et, enfin, les deux autres Dagueneau,
deux 2005, qualifié de
millésime du siècle par plusieurs : le Blanc Fumé de Pouilly «
Symphonie des Galets » et le Buisson Renard.
Le Symphonie des Galets est doré léger, très
ouvert, mais assez bizarre, végétal,
légèrement soufré, oxydé, avec des noix et
des fruits blets. En bouche, il est gras, minéral (silex),
fruité (fruits confits) et l’équilibre est
irréprochable, quoique la finale soit un peu amère. La
persistance aromatique est exceptionnelle.
Le Buisson Renard est jaune verdâtre. Le nez est explosif,
très herbacé (pipi de chat), très minéral,
avec un léger arôme soufré qui s’estompe. La
bouche, de très belle texture, est très fruitée,
très minérale et d’une grande fraîcheur, mais
trop herbacée. La finale est très vive et un peu saline.
La longueur est bonne.
Après le Vouvray Pétillant de Huet qui a
été le vin de la soirée, à
l’unanimité, les vins les plus appréciés ont
été le Saumur 2013 Clos des Carmes de Guiberteau, suivi
de près par les deux Sancerre 2013 Les Monts Damnés des
cousins Cotat; viennent ensuite le Jasnières 2013 Calligramme de
Bellivière et le Buisson Renard 2005 de Dagueneau.
La grosse déception de la soirée : les vins de Didier
Dagueneau, jugés « pas à la hauteur de leur
réputation » et, surtout, de leur prix.
En conclusion, on peut dire que Jocelyn nous a offert une
dégustation de vins exclusivement blancs qui fait mentir celui
qui a écrit « the first duty of wine is to be red ».
On devra faire ça plus souvent à l’Académie.
Alain
Brault
Académie
du vin de
l'Outaouais