
Dégustation du 20 février 2019
« Le combat des caves 2.0 – La revanche »
Organisée par Marc St-Onge et Laurent Gémar
Le déroulement de ce « combat »
très amical est bien simple : les deux organisateurs
soumettent à la dégustation chacun un vin par
volée et les participants votent pour leur vin
préféré. Non seulement les dégustateurs ne
connaissent pas l’identité des vins, mais ils ne savent
pas non plus quel organisateur a apporté quel vin.
L’année dernière, lors de la première
présentation du combat des caves de Marc et Laurent, il y avait
eu six confrontations et Laurent l’avait remporté haut la
main avec un score final de 4 à 2.
Cette année, il y a eu cinq volées, dont une de trois
vins.
Pour le premier round, les deux compétiteurs se sont
présentés avec des champagnes
génériques : le Blanc
de noirs Côte de Val Vilaine du domaine Roses de Jeanne
(Cédric Bouchard) pour Marc et la Cuvée 740 Extra brut de
Jacquesson pour Laurent.
Le Bouchard (100 % pinot noir) est jaune paille avec des reflets
cuivrés. Il est moyennement aromatique, fruité (pommes
très mûres) et très légèrement
brioché. En bouche, il est bien vif, très fruité
(pomme, rhubarbe) et offre une belle mousse crémeuse;
c’est le plus dosé des deux et on détecte de la
pomme caramel en finale. Deuxième vin le plus
apprécié de la soirée, ex aequo avec le Sauternes,
il a obtenu près des deux tiers des voix.
Le Jacquesson (2012 à 80 %, un assemblage de 57 %
chardonnay, 22 % meunier et 21 % pinot noir) est jaune paille
d’intensité moyenne. Le nez, également
d’intensité moyenne, est plus évolué, avec
des arômes de levure et un léger rancio; il est
minéral (crayeux) et fruité (pomme verte). Il est gras en
bouche, très frais (presque tranchant), légèrement
amère et bien fruité; la fin de bouche est très
sèche, fruitée et assez persistante.
Marc prend donc les devants 1 à 0.
Pour la deuxième confrontation, ils présentent deux
Riojas blancs : le 200 Monges
Selección Especial Reserva blanco 2007 de Bodegas
Vinicola Real (Marc) contre le Allende
blanco 2013 de la Finca Allende (Laurent).
Le 200 Monges est un assemblage à base de viura (70 %)
complété de malvasia fina (20 %), de moscatel
(5 %) et de grenache blanc (5 %). Il est jaune doré
légèrement plus foncé que l’Allende. Le nez
est très ouvert, boisé, mais surtout rancio (style plus
traditionnel), avec des fruits mûrs (pêche, coing, zeste
d’agrumes), des amandes, des champignons et une bonne
minéralité. En bouche, il est gras, rond, capiteux, bien
sec, l’acidité est bonne et le rancio persiste; la
finale fraîche ajoute du caramel et le vin est très long.
L’Allende, 95 % viura et 5 % malvasia, est jaune
doré assez riche. Il est plus aromatique, beaucoup moins rancio,
avec du fruit (melon), une note végétale et du bois. Il a
également moins de corps, mais il est plus fruité
(pomme), plus minéral et mieux équilibré. Il finit
sur les fruits, un peu de caramel et est plus persistant.
Cette fois, le résultat est beaucoup plus serré, avec
43 % des voix pour le 200 Monges et 57 % pour
l’Allende. C’est l’égalité 1 à 1.
Troisième reprise, deux Volnay 1er Cru s’affrontent :
le Volnay Clos des Chênes
Premier Cru 2008 de Bitouzet-Prieur (Laurent) et le Volnay Premier Cru Frémiets 2006 de
François Parent (Marc).
Le Clos des Chênes est grenat pâle avec une couronne
tuilée d’évolution. Le nez est moyen, bien
typé, fruité (petits fruits rouges) et
épicé (poivre). La bouche est bien
équilibrée, tout en rondeur, bien sèche et finit
sur le fruit, un peu de chocolat et une légère note
animale; le vin est très, très long. Certains l’ont
trouvé rustique et il a dû se contenter du tiers des votes.
Le Frémiets a une teinte beaucoup plus jeune. Il est plus
aromatique, animal, torréfié et assez fruité. Il
est corsé, avec des tannins encore solides, très
fruité et parfaitement équilibré par une belle
acidité. La finale est torréfiée et un peu chaude
et le vin est également très persistant.
Ici, le millésime a sûrement joué pour beaucoup.
C’est maintenant 2 à 1 pour Marc.
Au quatrième round, ce sont trois (!) Montepulciano
d’Abruzzo : le Montepulciano
d’Abruzzo 2003 d’Emidio Pepe (Marc), le Villa Gemma 2011 de Masciarelli
(Laurent) et le Pepe Rosso 2006 de
Stefania Pepe (Marc et Laurent).
L’Emidio Pepe est foncé et évolué. Assez
ouvert, il est bien fruité (cassis), avec du chocolat au lait,
une note végétale et de l’écurie (brett);
c’est le plus complexe et le plus évolué des trois.
En bouche, il est corsé, très bien
équilibré, avec des tannins serrés, fins, mais un
peu asséchants, un beau fruité et le brett qui persiste.
La fin de bouche est dominée par la torréfaction, une
belle astringence, le noyau de cerise et il est très long.
Le Masciarelli est beaucoup plus jeune, avec ses reflets
violacés. Moyennement aromatique, il est fruité,
épicé, légèrement boisé et
médicamenteux. Le corps est moyen, les tannins plus faciles, il
est fruité (fruits noirs) et crémeux et
l’équilibre est correct. Il finit très sec, avec
des fruits cuits, de la tomate séchée, du bois
vanillé, une légère amertume et une bonne
persistance.
La robe du Stefania Pepe est d’intensité moyenne et montre
une légère évolution. Le nez est intense,
fruité (fruits noirs), animal, chocolaté, avec un peu
d’acidité volatile. En bouche, il est fin, délicat,
assez frais pour ne pas dire un peu pointu et légèrement
bretté. La finale est fruitée, légèrement
animale, agréablement astringente et très, très
longue.
Le Montepulciano d’Emidio Pepe s’est mérité
36 % des voix, celui de Masciarelli 21 % et celui de Stefania
Pepe 43 %; c’est le vin présenté par les deux
concurrents qui gagne ce round. Marc conserve donc sont avance de 1
point.
Dernière confrontation, deux Sauternes sont
présentés : le Cyprès
de Climens 2005 (AOC Barsac) de Bérénice Lurton
(Marc) et le Château
Raymond-Lafon 2004 de la famille Mellier (Laurent).
Le Cyprès est doré avec des reflets orangés. Il
est moins aromatique que le Raymond-Lafon, mais plus fruité,
plus caramel, plus complexe, avec du miel et des épices
(cannelle, clou de girofle). Il est assez gras, plus soyeux, moins
amer, très bien équilibré par une bonne
acidité et la finale est très fruitée,
crème caramel et interminable. Le style rappelle plus le Recioto
di Soave que le Sauternes.
Le Raymond-Lafon est or riche, mais plus pâle. Le nez est
intense, bien botrytisé, fruité, épicé,
iodé, avec une très légère oxydation. En
bouche, il est gras, onctueux, très sucré (ça
donne une impression d’amertume), épicé,
l’acidité est très bonne, le fruité
très présent (pêche, poire, mangue) et la finale de
fruit, de botrytis et de noix est très, très longue. Plus
classique comme Sauternes, il a obtenu les deux tiers des votes.
Ainsi, cette deuxième présentation du Combat des caves
2.0 se termine avec un pointage nul de 3 à 3 et Laurent
maintient sont avance de 1 match contre 0. Marc réclamera-t-il
un second combat revanche l’an prochain? À suivre.
Alain
Brault
Académie
du vin de
l'Outaouais