
Dégustation du 19 février 2020
« Quelques (grands?) vins blancs de la Côte de
Beaune »
organisée par Marc St-Onge et Laurent Gémar
Après deux années de « Combat des
caves », Laurent et Marc nous ont conviés cette
année à une dégustation thématique
« pointue » (selon leur propre terme), se
concentrant sur quelques appellations seulement et privilégiant
l’analyse comparative, avec un intrus par volée.
Onze vins de la Côte de Beaune, servis en double aveugle, en
trois volées.
Mais d’abord, comme mise en bouche, un véritable
intrus : un chardonnay québécois de
Saint-Bernard-de-Lacolle, en Montérégie.
Chardonnay Réserve 2017 du
Vignoble Camy. Jaune doré, il est moyennement aromatique,
fruité, minéral, floral, avec de l’oignon cru, de
l’amande et un bois discret. L’attaque est fruitée;
il est bien gras, bien fruité (citron confit), très bien
équilibré par une belle acidité et très
beurré, avec une note terreuse. La finale est juteuse,
fruitée et assez persistante. Il a été bien
apprécié des dégustateurs.
Pour la première volée, Marc et Laurent nous
emmènent dans l’appellation Saint-Aubin, voisine de
Chassagne-Montrachet et de Meursault, avec trois 1ers crus du
même millésime, 2014 et (l’intrus) un 2013.
Le Saint-Aubin 1er Cru
« Derrière chez Édouard » 2013
d’Hubert Lamy est, comme les trois autres, jaune
pâle et brillant. Le nez, d’abord très discret,
s’ouvre à mesure que le vin se réchauffe; il est
fruité (pomme), très minéral (pierre à
fusil) et très légèrement oxydé, avec une
note terreuse. En bouche, le corps est moyen; il est fruité
(agrumes, citron confit), minéral et assez fin, malgré
une acidité plutôt tranchante de jeunesse. La finale
minérale fait saliver et on l’aurait aimé plus
persistante.
Le Saint-Aubin 1er Cru « La
Chatenière » 2014 de Pierre-Yves Colin-Morey est
très aromatique, très minéral, avec du beurre, de
la vanille, de l’amande, un boisé bien dosé et des
notes assez déroutantes d’échalote cuite, de
fumée et d’huile de sésame. La bouche est fine,
élégante, très bien équilibrée,
fruitée (compote de pommes), bien beurrée; elle suit le
nez, quoiqu’on s’attendait à plus de corps. La fin
de bouche est vive, rafraîchissante, fruitée, bien
boisée et très longue.
Le Saint-Aubin 1er Cru « En
Remilly » 2014 du Château de Pouligny-Montrachet
est légèrement verdâtre. D’abord discret, le
nez s’ouvre; il est fruité, épicé, un peu
moins minéral, mais plus floral. La tenue en bouche est
meilleure, plus ronde, avec un beau fruité
équilibré par une bonne acidité. La finale est
bien sèche et fruitée.
Le Saint-Aubin 1er Cru
« Derrière chez Édouard » 2014
d’Hubert Lamy est aussi légèrement
verdâtre. Au nez, peu intense, on retrouve la pierre à
fusil, du beurre, de la crème, du fruit (pomme, citron), des
fleurs blanches et de l’amande. L’attaque est très
fraîche et fruitée; en bouche, assez corsée, on
retrouve les arômes du nez et le vin est encore bien vif. La fin
de bouche est fruitée, beurrée, un peu pointue et de
bonne persistance. Un vin délicieux.
Comme deuxième volée, quatre Puligny-Montrachet :
une miniverticale de trois millésimes d’Étienne
Sauzet, et (l’intrus) un vin d’Alain Chavy.
Puligny-Montrachel 2014
d’Étienne Sauzet. Or pâle, il n’est pas
très aromatique, avec de légères notes
minérale et saline. En bouche, il est rond, fin, très
bien équilibré, fruité (citron), pas boisé
et l’on retrouve la note saline. La finale est bien juteuse et
très fruitée, avec une belle amertume et elle est
très, très longue.
Puligny-Montrachel 1er Cru
« Les Folatières » 2014 du Domaine Alain
Chavy. Or un peu plus foncé, il est plus expressif,
fruité (coing, un peu bonbon), avec une note herbacée, du
beurre, du bois. La bouche est plus grasse, plus corsée, bien
fruitée, avec une bonne acidité, du beurre, une note
saline également et une légère amertume; certains
l’on trouvé un peu pâteux et chaud. La fin de bouche
est fraîche et bien fruitée, avec une note de miel;
c’est le plus persistant de la volée. Un très beau
chardonnay pour la longue garde.
Puligny-Montrachel 2010
d’Étienne Sauzet. Même robe que le Chavy. Il
est bien ouvert, avec des noix (amande), un beau bois, du citron, un
peu de noix de coco, une note épicée (anis) et un
début d’oxydation. Le corps est moyen; il est bien
fruité (pomme blette) légèrement boisé et
très bien équilibré. Il finit sur le fruit, un
beau bois vanillé et il est assez persistant. Un vin assez
simple, mais élégant.
Puligny-Montrachel 2013
d’Étienne Sauzet. Or pâle comme le 2014, il
est encore plus discret au nez, moins défini; il est plus
minéral, plus jeune. Pas très gros et tout en
fraîcheur, il est bien fruité (agrume) et on ne
détecte pas de bois; l’équilibre est très
réussi. La fin de bouche est fraîche et fruitée. Un
autre candidat pour la garde.
Avec deux 1ers Crus de Meursault et un Grand Cru de Corton, la
troisième et dernière volée a été,
de loin, la plus appréciée de la dégustation.
Le Meursault-Charmes Premier Cru 2014
du Domaine du Château de Meursault est or paille
très brillant, plus foncé que les deux autres même
si c’est le plus jeune. Au nez, il est plutôt discret,
moins complexe que les deux autres, fruité (agrume), avec du
beurre et un peu de cire. L’attaque est bien fruitée, le
vin est gras en bouche, bien beurré, avec un beau bois,
l’acidité qu’il faut pour un super équilibre,
une note végétale et de la minéralité. La
fin de bouche est fruitée, légèrement
boisée et de bonne longueur. Le troisième vin le plus
apprécié de la soirée, derrière les deux
suivants.
Le Corton-Charlemagne Grand Cru 2011
du Domaine Bouchard Père & Fils est jaune paille avec
des reflets verdâtres. Il est très ouvert aromatiquement,
fruité, avec du beurre, des noix et une forte
minéralité. La structure, moyennement corsée, est
d’une grande finesse, tout en gardant une belle
onctuosité, avec une impression sucrée, un beau bois
discret, l’amertume des noix et un équilibre
irréprochable. La finale, sur le beurre, le bois et les fruits,
est très longue. Le vin de la soirée, ex aequo avec le
suivant.
Le Meursault-Perrières Premier
Cru 2011 du Domaine Bouchard Père & Fils, un peu
moins expressif que le Corton, est très semblable au nez :
fruit, beurre, noisette et minéralité, avec une
légère note fumée en plus. En attaque, on retrouve
la noisette; la bouche est grasse, ample, avec un beau bois, beaucoup
de fruit et un équilibre impeccable. C’est le vin le plus
persistant de la soirée, sur des notes de beurre et de caramel.
La deuxième grande vedette de la dégustation, avec le
Corton du même producteur.
C’était un exercice de dégustation comparative
très efficace : des vins de styles très semblables
mais de millésimes différents, ensuite, les vins
d’un même producteur comparés à celui
d’un voisin, pour terminer avec un Grand Cru parmi
d’excellents Premiers Crus. Évidemment, tous n’ont
pas réussi à pointer l’intrus à chaque
volée, mais tous ont pu apprécier la grande
qualité des vins servis et la pertinence des associations. Merci
aux organisateurs; ils ont même réussi à servir
onze bourgognes blancs dont aucun ne souffrait d’oxydation
prématurée.
Une immense dégustation! On peut, sans hésiter, retirer
le point d’interrogation du titre de
l’événement.
Alain Brault